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13 de março de 2020

A revolta dos mercados

Les marchés se révoltent, du jamais vu

Les places européennes et Wall Street ont connu hier leur pire journée. Les investisseurs ont manifesté sans fard leur profond désarroi, comme s’ils attendaient un miracle qui ne vient pas. Connaissant bien leur monde, ils savent que les banques centrales peuvent tenir le système financier hors de l’eau mais pas soutenir l’économie qu’ils ressentent être en péril. Le déclencheur du rebondissement de la crise de 2007 que l’on cherchait dans les profondeurs du système financier est désormais connu et, oh surprise ! il est exogène.

Lors de sa conférence de presse, Christine Lagarde a prononcé à deux reprises les mots qu’il ne fallait pas. Elle d’abord expliqué que la BCE ne pouvait pas « combler les spreads » (la différence des taux obligataires entre États), puis qu’elle n’avait pas l’intention de reprendre à son compte la fameuse expression de Mario Draghi, « whatever it takes ». Plus perspicace et voulant jouer les sauveurs, se référant opportunément à l’État providence, c’est Emmanuel Macron qui s’y est risqué en martelant à plusieurs reprises dans son allocution « quoiqu’il en coûte »…
Quelle journée ! Les gouverneurs de la BCE pensaient avoir ajusté avec subtilité leur tir en annonçant un éventail de mesures, mais cela a raté. On notera pourtant leur permissivité vis-à-vis des règles de la régulation bancaire, répondant à de vieilles attentes qui enfin se concrétisent.
En guise de bonne « policy mix », c’est à dire d’action conjuguée de la BCE et des gouvernements européens, on a assisté hier à une véritable cacophonie. Réclamant « une politique budgétaire ambitieuse et coordonnée », Christine Lagarde a fustigé « la lenteur et la complaisance » de ces derniers. Et Emmanuel Macron lui a retourné qu’il ne croyait pas « suffisantes » les mesures de la BCE. Sans illusions, les regards se sont tournés vers l’Allemagne, où Angela Merkel a réitéré son refus d’un plan de relance européen, avec comme objectifs limités de désamorcer la crise de liquidité des banques et des PME, quand elle interviendra, et de financer le chômage partiel. Les marchés restent sur leur faim, ce qui n’est pas de bonne politique.
Devant le désastre de Wall Street, la Fed a ouvert en grand les vannes à coup de milliers de milliards de dollars afin d’inonder le marché des repos. Aux États-Unis, il se joue une toute autre partie, car l’inconcevable pourrait arriver si le marché de la dette américaine devenait illiquide et si des positions prises par les investisseurs pour se couvrir étaient dénouées, ce qui cesserait d’en faire la valeur refuge par excellence. C’est en tout cas ce qu’annoncent les analystes de la Bank of America qui sondent les tréfonds du système financier.
Les crises ne marchent pas en ordre séparé, elles se combinent. Celle des réfugiés est reléguée à l’arrière-plan, mais elle peut tout autant rebondir. Amadouer le président turc à coup de milliards d’euros afin qu’il joue à nouveau le jeu est possible, mais cela empêchera-t-il la pandémie de sévir dans les camps de réfugiés ? Notamment à Lesbos où les membres des ONG sont attaqués par des îliens exaspérés et manipulés, et où les conditions sanitaires de dizaines de milliers de réfugiés se dégradent encore. Renvoyer dans leurs pays 5.000 réfugiés parqués dans les îles, comme annoncé par l’Union européenne et la Grèce n’anticipe pas un tel terrible désastre.
Tant qu’à faire d’en être aux miracles, il ne reste plus qu’à en espérer un. Francois L. blog Decodages

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