https://consortiumnews.com/2019/02/19/patrick-lawrence-pompeo-pence-the-alienation-of-europe/
Em Francês :
Quel job le vice-président Mike Pence et le secrétaire d’État Mike Pompeo ont effectué en Europe la semaine dernière ! Si l’objectif était d’aggraver une fracture transatlantique déjà critique et d’isoler davantage les États-Unis, ils n’auraient pas pu revenir à Washington avec un meilleur résultat. Nous devrons peut-être qualifier cette incursion d’échec parmi les plus maladroits et les plus abjects en matière de politique étrangère depuis la prise de fonctions du président Donald Trump il y a deux ans.
Pence et Pompeo ont tous deux pris la parole jeudi dernier lors d’une réunion parrainéepar les États-Unis à Varsovie, censée être axée sur « la paix et la sécurité au Moyen-Orient ». Cela s’est avéré être un euphémisme pour le recrutement des plus de 60 nations présentes dans une alliance anti-iranienne.
« Il est impossible d’instaurer la paix et la stabilité au Moyen-Orient sans affronter l’Iran », a déclaré Pompeo. Les seuls délégués à qui cette idée a plu sont Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, et des responsables de pays arabes du Golfe partageant la même obsession de renverser la République islamique.
Pence a ensuite assisté à la conférence annuelle sur la sécurité à Munich, où il a développé certains des thèmes privilégiés de l’administration Trump. Parmi ceux-ci : les Européens devraient abandonner l’accord nucléaire avec l’Iran, les Européens devraient mettre un terme à leurs échanges commerciaux avec la Russie, les composants de Huawei et d’autres entreprises chinoises devraient être exclus de leurs réseaux de communication. En bref, les Européens devraient reconnaître la domination mondiale de l’Amérique et faire comme elle. Comme si on était encore, disons, en 1954.
Il est difficile d’imaginer à quel point une administration américaine peut toujours se montrer autant en décalage par rapport aux réalités du XXIe siècle. Comment un vice-président et un secrétaire d’État peuvent-ils s’attendre à vendre de tels messages à des pays qui leur sont clairement opposés?
Combattre le thème anti-iranien
Pompeo qui a créé un « Groupe d’Action Iranien » après le retrait du gouvernement Trump de l’accord sur le nucléaire de 2015, a repris à plusieurs reprises un thème unique dans ses exposés à Varsovie. Les Iraniens, a-t-il déclaré, « exercent une influence perverse au Liban, au Yémen, en Syrie et en Irak. Les trois H – les Houthis, le Hamas et le Hezbollah – ceux-là sont de véritables menaces ».
Pence s’est détourné de l’idée suivante. « Au début de cette conférence historique », déclare-t-il, « les dirigeants de toute la région ont convenu que la plus grande menace à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient est la République islamique d’Iran ». À noter : tous les « dirigeants de la région » étaient des sunnites, à l’exception de Netanyahou. Les principaux alliés européens, toujours furieux que Washington se soit désisté de l’accord nucléaire, ont envoyé des responsables de bas niveau et n’ont pas prononcé de discours.
Les signataires européens de l’accord avec l’Iran savaient sûrement ce qui allait se passer. Pence, tout en insistant pour que la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne se retirent du pacte nucléaire – « le temps est venu », a-t-il déclaré – critiquait aussi le mécanisme de financement mis en place le mois dernier pour contourner les sanctions commerciales imposées par le gouvernement Trump à l’Iran. « Ils appellent cela un “véhicule à usage spécial” », a déclaré Pence. « Nous appelons cela un effort pour briser les sanctions américaines contre le régime révolutionnaire meurtrier iranien. »
Il y avait beaucoup de dirigeants européens à la conférence sur la sécurité du week-end dernier à Munich, au cours de laquelle Pence en a profité pour consolider ce qui commence à ressembler à une escalade irréparable de l’aliénation transatlantique. Après avoir renouvelé son attaque contre les signataires européens de l’accord avec l’Iran, il a tourné ses critiques vers le gazoduc Nord Stream 2.
Actuellement en construction, il s’agira du deuxième pipeline sous-marin reliant Gazprom, la société énergétique russe, à l’Allemagne et à d’autres marchés européens. Le mois dernier, les États-Unis ont renouvelé leurs menaces de sanctionner les entreprises allemandes travaillant sur le projet de 11 milliards de dollars. « Nous ne pouvons pas renforcer l’Occident en devenant dépendants de l’Est », a déclaré Pence lors de la conférence sur la sécurité samedi.
Cela et d’autres remarques à Munich ont suffi à convaincre Angela Merkel de prononcer un discours inhabituellement passionné pour la défense de l’accord sur le nucléaire, la coopération multilatérale et les profondes relations économiques que l’Europe entretient avec la Russie. « Sur le plan stratégique, l’Europe n’a pas intérêt à couper toute relation avec la Russie », a déclaré la chancelière allemande.
La primauté américaine vs l’avenir de l’Europe
Le discours de Merkel est au cœur de ce qui était fondamentalement en cause lorsque Pompeo et Pence ont traversé l’Europe la semaine dernière. Il y a trois questions à considérer.
La plus évidente est l’insistance persistante de Washington sur la primauté américaine face à une résistance frontale, même de la part de ses alliés de longue date. « Depuis le premier jour, le président Trump a rétabli le leadership américain sur la scène mondiale », a déclaré Pence à Varsovie. Et à Munich : « L’Amérique est plus forte que jamais et l’Amérique est à nouveau leader mondial. »
If the objective was to further isolate the U.S., the two officials could not have done a better job last week, writes Patrick Lawrence.
By Patrick Lawrence
Special to Consortium News
Special to Consortium News
What a job Vice President Mike Pence and Secretary of State Mike Pompeo did in Europe last week. If the objective was to worsen an already critical trans–Atlantic rift and further isolate the U.S., they could not have returned to Washington with a better result.
We might have to mark down this foray as among the clumsiest and most abject foreign policy failures since President Donald Trump took office two years ago. ..Em Francês :
We might have to mark down this foray as among the clumsiest and most abject foreign policy failures since President Donald Trump took office two years ago. ..Em Francês :
Ses discours dans chacune des deux villes sont pleins d’affirmations creuses de cette sorte, disant exactement l’inverse : l’Amérique est vouée à continuer à s’isoler petit à petit, tant que ses dirigeants resteront perdus dans leurs nuages nostalgiques.
Les deux autres questions concernent l’Europe et son avenir. En fonction des solutions trouvées, une alliance transatlantique plus distante s’avérera inévitable.
Premièrement, l’Europe doit rapidement accepter sa position sur le flanc occidental du bloc euro-asiatique. Merkel avait raison : les puissances européennes ne peuvent de manière réaliste prétendre qu’une interdépendance de plus en plus profonde avec la Russie est un choix. Il n’y a pas de choix. L’initiative chinoise de la Route de la Soie, à mesure de sa progression vers l’ouest, rendra cela plus clair encore.
Deuxièmement, l’Europe doit développer des politiques d’accueil avec sa périphérie, c’est-à-dire le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, afin de préserver la stabilité à long terme de son voisinage. Les migrations massives en provenance de Syrie, de Libye et d’autres régions ont rendu cela évident de la manière la plus tragique possible. L’Allemagne et la France ont le mérite d’avoir engagé des négociations avec la Turquie et la Russie en vue de l’élaboration de plans de reconstruction pour la Syrie comprenant un règlement politique global.
À ce stade, Washington ne montre aucun signe pour la levée des sanctions contre la Syrie en vigueur depuis plus de huit ans. Les États-Unis peuvent en effet imposer de nouvelles sanctions aux entreprises participant à des projets de reconstruction. En réalité, cela pourrait criminaliser la reconstruction de la Syrie – en faisant ainsi de ce pays un sujet de discorde entre l’Europe et les États-Unis.
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