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1 de março de 2019

Um filme a Ver

https://consortiumnews.com/2019/01/10/for-hollywood-vice-is-remarkably-astute-about-politics/

For Hollywood, ‘Vice’ Is Remarkably Astute About Politics.

Adam McKay’s movie may be flawed, but it’s still must-see for his depiction of how Cheney amassed power by exploiting Watergate, an inexperienced president and 9/11, writes James DiEugenio. 
Em francês :
Au début de sa vie, Cheney s’est fait virer de Yale et s’est fait épingler deux fois pour conduite en état d’ivresse. Sa femme Lynne – qui est devenue plus tard une auteure prolifique – l’a aidé à se reprendre et à se mettre sur la voie d’une carrière politique. À partir de ce moment, McKay, qui a également écrit le scénario, accole à Cheney le leitmotiv suivant qui apparaît sur l’écran à un moment donné :
« Méfiez-vous de l’homme tranquille. Car pendant que d’autres parlent, il regarde. Et pendant que d’autres agissent, il planifie. Et quand ils se reposent enfin, il frappe. »
L’avertissement s’applique aux trois actes clefs du film.
La vacance du pouvoir suite au Watergate
Pendant le scandale du Watergate, Cheney croyait que tout républicain non touché par le scandale était précieux comme l’or. Donald Rumsfeld et lui même ont cherché à combler la vacance du pouvoir à la Maison-Blanche sous Gerald Ford. Afin de compenser les lois restrictives sapant le pouvoir exécutif après le Watergate, un jeune avocat ambitieux émergea : Antonin Scalia. Le futur juge de la Cour suprême des États-Unis a fourni à Cheney la théorie de l’exécutif unifié, une doctrine que Scalia a tirée de l’article 2 de la Constitution des États-Unis et qui confère au président le « pouvoir exécutif ». Cheney a essayé d’utiliser cette doctrine en tant que chef de cabinet du président Ford.

George W. recherche vice-président
L’homme discret réapparaît pendant la campagne présidentielle de George W. Bush. Comme le film le montre, en raison d’un accord qu’il avait conclu avec sa femme, Cheney était seulement censé diriger les recherches d’un vice-président pour Bush. Détectant que W était hésitant et incertain de lui-même sur la scène de la politique étrangère, Cheney conclut un accord avec George W. qui ferait de lui le vice-président le plus puissant de l’histoire. Grâce à ce pacte, Cheney a réalisé quelque chose que Lyndon Johnson avait essayé d’obtenir sans succès auprès de John Kennedy : une coprésidence. Il s’est installé à la Chambre des représentants et au Sénat et avait également des bureaux virtuels à la CIA et au département d’État.
Vice-président Dick Cheney, Offutt Air Force Base, Nebraska, août 2006. (Photo Maison Blanche/David Bohrer)
L’après 11 septembre
Ces dispositions le placèrent dans une position stratégique lors des attentats du 11 septembre 2001. Cheney a conseillé au président Bush de rester en vol pour des raisons de sécurité pendant qu’il – sans l’autorisation de Bush – donnait l’ordre au secrétaire de la Défense Rumsfeld d’abattre [des avions civils dont on pensait qu’ils pouvaient avoir été détournés, NdT]. Et ce n’était que le début de la domination Cheney sur la guerre contre le terrorisme.
Comme McKay le montre dans le film, Cheney choisissait unilatéralement les suspects qu’il voulait que la CIA arrête et expulse vers des prisons secrètes et sans lois à l’étranger. C’est Cheney, assisté par David Addington, l’avocat néoconservateur, et Doug Feith, analyste au département d’État, qui a construit « l’usine à gaz » du renseignement afin d’éviter tout examen rigoureux des sources et des méthodes des rapports du renseignement.
Tout comme les néoconservateurs du groupe B des années 1970 [groupe constitué notamment d’anciens trotskystes créé par Bush père en 1976, chargé de fournir des renseignements alternatifs à ceux de la CIA, NdT], qui surpassaient allègrement les estimations de la CIA concernant la menace militaire soviétique, Cheney descendait au quartier général de l’agence d’espionnage à Langley, en Virginie, et s’imposait parmi ses officiers et analystes. Le vice-président exigea l’accès à toute l’information, faisant fi de la fiabilité de la source ou de la coercition qui avait été appliquée pour l’obtenir. C’est cette impériosité qui a permis à la désinformation de Rafid Ahmed Alwan al-Janabi, un informateur né en Allemagne, également connu sous le nom de Curveball à la CIA, de jeter les bases erronées de l’invasion de l’Irak.
Bush, Cheney et Rumsfeld quittent le Pentagone pour la cérémonie d’adieu de Rumsfeld, le 15 décembre 2006. (Département de la Défense, sergent d’état-major de l’U.S. Air Force, D.D. Myles Cullen)
Et Cheney s’assura qu’un maximum de coercition s’appliquait aux suspects qu’il avait choisis. Par l’entremise d’Addington, Cheney a recruté John Yoo, un avocat formé à Yale travaillant au ministère de la Justice. Yoo était d’accord avec la théorie exécutive unitaire de Scalia. Il a rédigé des mémorandums juridiques qui indiquaient que, dans la guerre contre le terrorisme, l’Amérique pouvait allègrement faire fi des directives de la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers. Les notes de service de Yoo déclaraient que la CIA ne devrait limiter la douleur physique qu’en cas de défaillance d’un organe vital ou de risque de décès. C’est le déni presque total du droit international par Yoo qui a mis l’Amérique sur la voie d’Abu Ghraib, la prison irakienne où la CIA et l’armée américaine ont honteusement supervisé les abus extrêmes et la torture des prisonniers.
Toujours pas terminé
Il est remarquable que McKay ait réussi à faire tenir toutes ces informations sur Cheney dans son film qui ne dure qu’un peu plus de deux heures.
Mais la piste de la perfidie est incomplète. En effet, comme l’a révélé feu Bob Parry [Important journaliste d’investigation américain, fondateur de Consortium News, décédé début 2018, NdT], c’est Cheney qui a dirigé la contre-attaque du Congrès dans l’affaire Iran/Contra. Cheney était à une réunion chez Evan Thomas où a été suggéré que le conseiller à la sécurité nationale John Poindexter commette un parjure pour protéger le président Reagan.
Adam McKay en 2015. (Wikimedia)
Mais tout ce qui précède vous en dira peu sur ce que l’on ressent en visionnant ce film. Comme pour « The Big Short », ce qui est exceptionnel avec « Vice », c’est l’approche cinématographique de McKay. Une fois de plus, il utilise une batterie de dispositifs visuels sans précédent dans le cinéma contemporain. Vers la moitié du film, par exemple, avant que Cheney ne devienne vice-président, le film semble se terminer brutalement. Le générique tourne, avec une musique cordiale et joyeuse. Ce qui sous entend que nous nous serions tous mieux porté si Cheney n’était pas devenu coprésident.
Dans « Vice », cependant, de telles innovations brillantes n’aident pas forcément l’intrigue dans son ensemble. « The Big Short » concernait un événement, à savoir l’effondrement économique de 2007-08. Dans « Vice », il s’agit de la vie et de la carrière d’un homme.
Si McKay avait réduit, plutôt qu’accru, son inventivité visuelle, il aurait sûrement mieux expliqué le parcours de Cheney qui a fini par devenir un personnage digne de Lago, le traître de Shakespeare. (Une parodie de scène de chambre à coucher écrite et interprétée en vers shakespearien – ce qui arrive – ne résout pas l’énigme de l’explication des personnages). Un récit un peu plus direct aurait aussi permis aux acteurs – Christian Bale dans le rôle de Cheney et Amy Adams dans celui de sa femme – d’exprimer d’avantage leur potentiel et leur talent. Les acteurs sont parfaits pour les rôles, mais en raison de l’attention que McKay porte à d’autres questions, ni l’un ni l’autre ne peut s’exprimer totalement.
Je reste néanmoins très enthousiaste au sujet du film et de McKay. Comment peut-on ne pas admirer un réalisateur millionnaire qui s’identifie en tant que social-démocrate et fait de si bons films ? Puisse-t-il continuer sur cette voie et se bonifier avec le temps.
James DiEugenio est chercheur et écrivain sur l’assassinat du président John F. Kennedy et d’autres mystères de cette époque. Son livre le plus récent est « The JFK Assassination : The Evidence Today. »
Source : Consortium News, James DiEugenio, 10-01-2019
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.


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