Que esperar De Trump ?
Uma economia protecionista favorável às grandes empresas americanas
« Le fascisme devrait plutôt être appelé corporatisme, puisqu’il s’agit en fait de l’intégration des pouvoirs de l’État et des pouvoirs du marché. » Benito Mussolini (1883-1945), politicien italien, journaliste et chef du Parti national fasciste. (Citation en anglais : Mats Erik Olshammar, Dragon Flame, 2008, p. 253; citation en français : « Benito Mussolini, Doctrine, Institutions, 1933.)
« Le fascisme vraiment dangereux est celui qui veut faire aux États-Unis de façon américaine ce que Hitler a fait en Allemagne de façon prussienne. Le fasciste américain préférerait éviter la violence. Il procède en empoisonnant les chaînes d’information au public. Le défi pour le fasciste n’est jamais de savoir comment présenter la vérité au public, mais plutôt comment exploiter le bulletin de nouvelles pour tromper le public et l’amener à accorder plus d’argent et de pouvoir au fasciste et à son groupe. » Henry A. Wallace (1888-1965), politicien américain, 33e vice-président des États-Unis, 1941-1945. (Citation en anglais : « The Danger of American Fascism », The New York Times, 9 avril 1944, et « Democracy Reborn », 1944, p. 259; citation en français : « Vivre sous le fascisme », Tribune libre unitarienne, vol. 7, no 2, 2011.)
« Le démagogue : celui qui prêche des doctrines qu’il sait être fausses à des gens qu’il sait être des idiots. » H. L. Mencken (1880-1956), journaliste et essayiste américain. (Citation en anglais : « Minority Report », 1956, p. 207; citation en français : Wikiliberal, démagogie.)
« Avec toute la somme de travail qui l’attend, le Congrès doit-il vraiment considérer l’affaiblissement des pouvoirs du Défenseur indépendant de l’éthique, aussi injuste que cela puisse paraître, sa priorité numéro un? Concentrez-vous sur la réforme fiscale, le système de santé ou d’autres choses bien plus importantes! » Donald Trump (1946- ), le 3 janvier 2017, après que les républicains de la Chambre des représentants ont voté à 119 contre 74 en faveur du placement du Bureau d’éthique du Congrès indépendant sous le contrôle de la Chambre des représentants (nota : ils ont fait marche arrière à la suite de la critique de M. Trump).
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Le candidat à la présidence Donald Trump a donné espoir à bien des Américains lorsqu’il a reproché à ses adversaires politiques leurs liens étroits avec Wall Street et, surtout, lorsqu’il a promis qu’il allait « assécher le marais » à Washington D.C. Il pourrait bien remplir cette dernière promesse, mais il devra composer avec les républicains de la Chambre pour ce qui est de cette question centrale. Le candidat Trump a suscité aussi bien des espoirs lorsqu’il a promis de mettre fin aux guerres coûteuses à l’étranger et de se concentrer plutôt sur la manière d’empêcher la délocalisation des emplois, de créer plus d’emplois pour la classe moyenne au pays et d’éviter que cette dernière s’amenuise encore plus aux USA.
Il ne fait aucun doute que le cabinet qu’il a assemblé est formé de personnes bien intentionnées et capables. Il est normal aussi qu’un nouveau président s’entoure de partisans loyaux et de gens avec qui il se sent à l’aise idéologiquement et personnellement. Soyons justes. Peu de progressistes et d’universitaires ont appuyé Donald Trump aux élections de novembre 2016. Cependant, du moins sur papier, on peut dire que le cabinet de Trump semble être plus à droite que lui-même ne l’est.
N’empêche que l’administration Trump sera probablement la plus favorable aux grandes sociétés et aux mieux nantis de l’histoire des USA. C’est quelque peu ironique, car pendant la campagne présidentielle de 2016, M. Trump dominait dans les villes pauvres et économiquement défavorisées, tandis que Mme Clinton comptait sur l’appui des villes et des comtés plus riches.
La vue d’ensemble qui semble se dessiner est celle d’un gouvernement des USA qui convient à un complexe industriel, financier et militaire replié sur soi, formé en grande partie de milliardaires et de financiers de Wall Street (Ross, Mnuchin, Cohn, Clayton, etc.), de va‑t‑en‑guerre notoires (Mattis, Flynn, etc.) et de sionistes avérés (Bolton, Friedman, Greenblatt, etc.). Il s’agit toutefois d’un gouvernement corporatiste hostile aux grandes multinationales américaines (GM, Coca-Cola, etc.), à la réglementation économique et à la mondialisation de l’économie en général.
Compte tenu de sa composition, il y a une réelle possibilité que l’arrivée de l’administration Trump, qui privilégie le marché intérieur, marque le début d’une nouvelle ère des barons voleurs se caractérisant par un capitalisme de laissez-faire à l’intérieur des USA, quelque peu similaire à celle qui a conduit, en réaction, à l’adoption de la Sherman Anti-Trust Act en 1890. Si c’est le cas, l’histoire pourrait se répéter. Seul l’avenir le dira.
Une envie réelle de changement radical
Il ne fait aucun doute que les élections présidentielles de 2016 aux USA ont fait ressortir une envie réelle de changement radical pour une grande partie de l’électorat américain, ainsi que son mécontentement et son insatisfaction à l’égard de la situation actuelle, marquée par un blocage politique à Washington D.C. et par une économie plus ou moins moribonde aux USA.
Les politiques économiques soutenues par l’establishment aux USA au cours du dernier quart de siècle ont fait en sorte que les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres, en plus de réduire la mobilité économique et sociale de la famille américaine moyenne, qui est aujourd’hui bien inférieure à celle des autres économies avancées. Il s’agit là d’une cause importante de désillusion et de colère parmi de nombreux Américains qui trouvent que le système économique les défavorise au profit des plus richissimes.
Le président Trump parviendra-t-il à amener un changement fondamental, voire révolutionnaire, notamment en réduisant la corruption politique et en contribuant à davantage de justice économique et sociale pour les travailleurs américains? Va-t-il au contraire s’empêtrer dans le bourbier politique qui règne à Washington D.C.? Là encore, seul l’avenir le dira.
D’autre part, le président Trump peut difficilement prétendre avoir reçu de l’électorat un mandat politique fort en faveur du changement, compte tenu du fait qu’il a obtenu 2 865 000 votes de moins que Hillary Clinton, la candidate démocrate à la présidence. La dernière fois que cela s’est produit, c’est en 2000, lorsque George W. Bush, le candidat républicain à la présidence, a obtenu environ 540 000 votes de moins que son adversaire Al Gore. Il a tout de même été élu président par le collège électoral des USA.
De plus, en professant vouloir cumuler ses responsabilités de président des USA et ses responsabilités à titre de dirigeant de facto de sa propre société immobilière internationale, et en refusant de placer ses intérêts d’affaires personnels dans une fiducie sans droit de regard, créant ainsi une situation de conflit d’intérêts permanente, le président Donald Trump envoie un mauvais signal. Puis ce n’est pas en transférant ses responsabilités exécutives quotidiennes à ses fils qu’il satisfait aux critères de transparence.
Pendant la campagne de 2016, le candidat Trump a dit clairement que « [S]i je deviens président, je vais me ficher éperdument de mon entreprise. C’est des pacotilles (…) Ma participation sera nulle, parce que tout ce qui comptera pour moi, ce sera notre pays et rien d’autre. » L’intérêt public, ce n’est effectivement pas la même chose que les intérêts personnels privés, et il est difficile de croire que M. Trump a changé d’avis sur une question aussi importante. Les gens devraient s’attendre de leurs politiciens qu’ils ne se servent pas de leurs fonctions pour s’enrichir directement ou indirectement, point à la ligne.
Penchons-nous maintenant sur la façon dont une administration Trump favorable aux entreprises peut apporter des résultats avantageux à court terme, mais devenir très nuisible à plus long terme, tant aux USA qu’ailleurs dans le monde.
1. L’approche autoritaire de Donald Trump est susceptible de menacer la démocratie américaine.
La démocratie américaine risque d’être sérieusement mise à l’épreuve dans les mois et les années qui suivront, quand l’administration du président Donald Trump entreprendra un virage fondamental à la politique intérieure et extérieure des USA. Ce pourrait aussi bien être pour le meilleur que pour le pire.
C’est parce que le nouveau président des USA, Donald J. Trump (1946- ), est un homme d’affaires, un magnat de l’immobilier international en fait, qui possède des hôtels, des terrains de golf et des casinos dans de nombreux pays, qui n’a aucune expérience politique et qui exerce un contrôle complet sur son entreprise familiale. L’homme d’affaires Donald Trump a aussi tendance à se fier davantage à son instinct qu’à sa tête quand il prend des décisions d’affaires importantes, tout en étant porté à agir de manière intéressée. C’est une personne qui, par tempérament et à l’occasion, n’hésite pas à dénigrer, à humilier et à intimider son entourage pour obtenir ce qu’il veut. En fait, son modus operandi dans ses relations avec les gens semble reposer sur l’intimidation et le bluff dans le but d’obtenir des concessions et quelques bénéfices personnels.
Il y a une quinzaine d’années, un autre homme d’affaires a été élu président des USA : un magnat du pétrole texan appelé George W. Bush (1946- ), qui se vantait aussi de prendre ses décisions en se fiant à son instinct. On ne peut pas dire que les choses ont bien tourné pour les États-Unis pendant qu’il était au pouvoir, Bush II ayant fini par être considéré comme l’un des pires présidents des USA. Le candidat à la présidence Trump a même dit publiquement que George W. Bush a été « le pire président de l’histoire », en ajoutant qu’il aurait dû être destitué pour avoir menti à propos de la présence d’armes de destruction massive en Irak, avec l’intention manifeste d’inciter le peuple américain à soutenir une guerre contre ce pays.
Il est vrai que George W. Bush n’a pas caché son intention de gouverner de manière autoritaire lorsqu’il a déclaré ceci : « Je suis le commandant en chef, je n’ai pas d’explications à donner, je n’ai pas à expliquer pourquoi je dis telle chose. C’est le côté intéressant d’être président. Il se peut que quelqu’un doive m’expliquer pourquoi il a dit telle chose, mais je n’ai pas l’impression de devoir une explication à qui que ce soit », comme l’a rapporté Bob Woodward dans son ouvrage intitulé Bush s’en va-t-en guerre (2002). Le président Trump va-t-il utiliser ces propos comme un précédent ou sera‑t‑il plus ouvert à des idées nouvelles pour améliorer les choses?
2. Le risque de guerres commerciales et de protectionnisme excessif inquiète.
Le président Donald Trump n’a pas hésité à défendre le protectionnisme commercial. Ses porte-parole ont constamment répété que son administration est protectionniste. C’est une chose d’adopter des mesures protectionnistes ponctuelles, mais c’en est une autre d’adopter une politique protectionniste globale pouvant entraîner une désintégration économique généralisée et causer des perturbations économiques coûteuses, de l’incertitude et, peut‑être aussi, une crise économique mondiale.
Cela pourrait aussi entraîner l’adoption de lois restrictives semblables à la Loi Hawley-Smoot de 1930, qui prévoyait l’imposition de tarifs élevés et d’autres obstacles à l’importation de biens produits à l’étranger.
Il existe cependant des lois commerciales internationales qui empêchent un pays d’imposer à un autre pays des tarifs punitifs ou des entraves commerciales sans raison. Si l’administration Trump en venait à contrevenir à ces lois, d’autres gouvernements nationaux pourraient user de représailles, ce qui pourrait causer nuire sensiblement au commerce international et à la prospérité mondiale. Dans les années 1930, les « politiques protectionnistes du chacun pour soi » ont eu pour effet d’augmenter le chômage et d’intensifier la Grande Crise. Personne n’est absolument certain que cela ne se répéterait pas si des politiques semblables étaient mises de l’avant aujourd’hui.
En fait, on est loin d’être certain que l’augmentation des droits de douane à l’importation apporterait beaucoup à l’économie des USA. Ce genre d’obstacle au commerce ferait augmenter les prix des biens aux États‑Unis et les travailleurs à bas salaires auraient plus de difficulté à se les procurer. Les exportations américaines pourraient souffrir aussi quand d’autres pays rétorqueront en augmentant leurs droits de douane sur les biens produits aux USA et provenant des USA, ce qui causera du chômage dans de nombreuses industries exportatrices américaines, notamment dans le secteur agricole.
La hausse des prix due aux politiques protectionnistes américaines pourrait amener la Fed à relever les taux d’intérêt plus vite, ce qui causerait un ralentissement dans les industries sensibles à leurs fluctuations, comme l’industrie de la construction. La hausse des taux d’intérêt aux USA ferait aussi monter le dollar américain par rapport aux autres devises, ce qui provoquerait un nouveau ralentissement des exportations américaines à l’étranger et aurait des répercussions négatives sur l’objectif escompté du protectionnisme.
Le président Trump et ses conseillers pourraient d’ailleurs tirer des leçons de la situation économique de l’exercice 2017‑2018, quand ils s’apercevront que leurs politiques protectionnistes entraînent une hausse vertigineuse du dollar américain, nuisent aux exportations américaines et, peut‑être aussi, font chuter le marché boursier. Ce sont les grandes sociétés multinationales américaines qui pourraient souffrir le plus d’un dollar artificiellement fort et des mesures de représailles d’autres pays, tout comme les personnes qu’elles emploient ou qui y ont investi de l’argent à la bourse.
Il est donc impossible d’affirmer que la création d’emplois dans les industries de substitution aux importations ne sera pas contrebalancée par la perte d’emplois dans les industries exportatrices des USA. Le résultat pourrait être négatif pour l’ensemble de l’économie américaine. Les politiques protectionnistes peuvent aussi entraîner à long terme une baisse de la productivité américaine en général, due à une réduction des économies d’échelle causée par une contraction des industries exportatrices des USA et de leurs investissements.
3. L’économie nord-américaine pourrait être perturbée et les relations politiques pourraient tourner au vinaigre.
Les États-Unis ont besoin d’alliés et d’amis dans le monde, et son voisin, le Canada, est le meilleur ami qu’il puisse avoir. En 1988, l’administration Reagan est parvenue à un Accord de libre-échange (ALE) avec le Canada, un pays qui possède une économie de marché et un niveau de vie similaires. En 1994, l’administration Clinton a élargi l’Accord de libre-échange USA-Canada pour y inclure le Mexique, dont le niveau de vie correspond à moins du tiers de celui des USA. C’est accord, c’est l’ALENA.
L’administration Trump compte non seulement résilier une entente commerciale déjà signée (PTP) avec des pays asiatiques et mettre fin aux négociations en vue d’établir un partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI), mais le président Trump voudrait aussi rouvrir et renégocier l’Accord de libre‑échange nord‑américain (ALENA). Pareille mesure isolationniste est susceptible d’engendrer des frictions économiques et politiques inutiles tout en créant beaucoup d’incertitude. Elle met aussi en danger l’économie des pays voisins que sont le Canada et le Mexique. Espérons que le sang‑froid l’emportera et que ce petit né de la coopération économique ne sera pas jeté avec l’eau du bain des irritants commerciaux.
M. Trump et ses conseillers devraient savoir que le commerce est une route à deux voies et qu’un pays compense ses importations par ses exportations. Ils doivent donc savoir que le Canada est le premier partenaire commercial en importance des USA et que pour 35 États (New York, Pennsylvanie, Michigan, Minnesota, Illinois, Indiana, Iowa, Kansas, New Hampshire, Wisconsin, Alaska, etc.), le Canada est la première source de recettes d’exportations de leurs biens et services.
En 2015, à titre d’information, les États-Unis ont exporté au Canada des biens et services d’une valeur totale de 337,3 milliards de dollars, et importé du Canada des biens et services d’une valeur totale de 325,4 milliards de dollars, pour un excédent net en faveur des USA s’élevant à 11,9 milliards de dollars. En 2015, le Canada constituait le premier marché d’exportation des États‑Unis. En 2014, les investissements directs des entreprises américaines au Canada valaient 386,1 milliards de dollars, tandis que les investissements directs des entreprises canadiennes aux États‑Unis valaient 261,2 milliards de dollars.
L’administration Trump devrait savoir qu’en 2015, près de 9 millions d’emplois aux USA dépendaient du commerce et des investissements avec le Canada. Par conséquent, le Canada ne pose pas problème aux USA sur le plan commercial. M. Trump et les autres politiciens américains devraient le savoir. Les économies canadiennes et américaines sont bien intégrées et se complètent l’une et l’autre.
La devise devrait être : si une chose n’est pas brisée, rien ne sert de la réparer.
4. Des changements brutaux dans la politique intérieure des USA pourraient nuire aux pauvres et enrichir les richissimes, creusant ainsi l’inégalité, si de meilleures politiques ne les remplacent pas.
Le candidat à la présidence Trump a promis de réduire l’impôt sur les bénéfices des sociétés de 35 % à 15 %. Bien que le taux d’imposition réel des sociétés payé dans la majorité des cas soit bien inférieur au taux affiché (il se rapproche davantage de 12 %), une baisse aussi brusque du taux d’imposition officiel des sociétés devrait enrichir davantage les riches. En fait, la hausse des marchés boursiers après le 8 novembre est due en grande partie à cette promesse de réduire le taux d’imposition des sociétés.
Le candidat Donald Trump a aussi promis de déréglementer les méga-banques américaines, qui ont été au cœur de la crise financière de 2008 due aux prêts hypothécaires à risque, et surtout de mettre fin à la loi Dodd-Frank sur la régulation bancaire, qui oblige les banques à détenir davantage de capital à titre de police d’assurance contre les échecs catastrophiques. C’est donc reparti : des politiciens qui se plient au désir de ceux qui peuvent leur verser de l’argent, compromettant ainsi la stabilité du système financier au complet et les emplois de millions d’Américains. Si la mesure est adoptée, la prochaine crise financière pourrait être appelée « la crise financière de Trump ».
Sur le plan social, la promesse de Trump d’abolir le plan de réforme de la santé d’Obama (Obamacare) sans proposer d’alternative valable pourrait affecter les Américains les plus pauvres. En fait, qu’adviendra‑t‑il des quelque 20 millions d’Américains qui ne bénéficiaient pas auparavant d’un accès sécurisé aux services de santé par l’intermédiaire d’un régime d’assurance parrainé par leur employeur? En politique, il est habituellement plus facile de démanteler des choses que de construire quelque chose de valable.
5. Les affrontements économiques et politiques entre les USA et la Chine pourraient avoir des conséquences très fâcheuses pour la paix mondiale.
Le gouvernement chinois demeure communiste et autoritaire même si à partir de 1978, sous la direction de Deng Xiaoping (1904-1997), il s’est mis à favoriser une économie socialiste plus décentralisée orientée sur les marchés. Le plus grand pas de la Chine en matière de politique économique s’est fait le 11 décembre 2001, lorsqu’elle a abandonné officiellement le protectionnisme comme politique pour rejoindre l’Organisation mondiale du commerce (OMC), intégrant ainsi l’économie mondiale.
Il est vrai que les USA ont un déficit commercial avec la Chine. En 2015, par exemple, les exportations américaines en Chine s’élevaient à 116,1 milliards de dollars, tandis que les biens chinois importés aux USA étaient évalués à 483,2 milliards de dollars, ce qui représentait un déficit commercial équivalant à 367,1 milliards de dollars. Cela est en partie dû au fait que de nombreuses sociétés américaines ont investi en Chine et qu’ils ont importé des biens provenant de la Chine. Cela explique aussi en partie l’important déficit budgétaire du gouvernement des USA, qui contribue aussi au déficit de son commerce extérieur. Il est vrai aussi que la Chine est un grand pays où les salaires sont bas et où les produits sont vendus à un prix très concurrentiel.
Un point de discorde important entre les USA et la Chine concerne la valeur du yuan, la devise chinoise. Pour certains, le yuan est artificiellement sous-évalué, ce qui a pour effet de réduire le prix des biens chinois sur les marchés internationaux et de stimuler les exportations chinoises. Le gouvernement chinois prétend que le taux de change du yuan est l’expression de ses conditions économiques (c.‑à‑d. sa main‑d’œuvre à bon marché), et que la valeur du yuan s’est en fait appréciée ces vingt dernières années et que le pays a des déficits commerciaux avec d’autres pays.
C’est une question qui devrait être réglée par un conseil d’experts financiers internationaux plutôt que de servir de prétexte à une guerre commerciale.
6. En se rangeant encore plus ouvertement du côté d’Israël que les administrations précédentes, l’administration Trump pourrait envenimer les choses au Moyen‑Orient.
Pendant la campagne électorale, le candidat Trump a dit à maintes reprises qu’il voulait réduire la durée du mandat des membres du Congrès, lutter contre la corruption politique et mettre fin à l’influence des dizaines de milliers de lobbies à Washington D.C.
Ironiquement, dans la soirée du lundi, 21 mars 2016, M. Trump s’est présenté devant le lobby étranger le plus puissant des USA, à savoir le American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) pro-israélien, une organisation qui s’appuie sur un réseau de lobbyistes qui se vante d’avoir accès à un large bassin de bailleurs de fonds. Il a ensuite livré un des discours les plus démagogiques et complaisants qu’un politicien peut faire pour obtenir des votes et de l’argent d’une organisation de lobbying. Tant et si bien que le lendemain, la présidente de l’AIPAC, Lillian Pinkus, a dû s’excuser pour certaines des remarques de M. Trump.
Pendant son discours, M. Trump a cherché à plaire à son auditoire en déclarant qu’il était prêt à fermer les yeux sur la question des colonies israéliennes illégales autorisées par le gouvernement d’Israël en territoire occupé, que les Palestiniens veulent se donner comme futur État. Il est même allé plus loin en disant qu’à titre de président des USA, il imposerait « à 100 % » son veto à toute tentative des Nations Unies d’imposer un État palestinien à Israël, sous les acclamations et les applaudissements de son auditoire. M. Trump a poursuivi en promettant de « déménager l’ambassade américaine dans la capitale éternelle du peuple juif, Jérusalem », un revirement politique qui serait dénoncé par la plupart des autres pays, même si les délégués de l’AIPAC ont accueilli la nouvelle par des acclamations et des applaudissements.
Peu après son discours à l’AIPAC, c’est sans surprise que des milliardaires américains reconnus comme le magnat du jeu Sheldon Adelson, le propriétaire de casino Phil Ruffin, l’investisseur militant Carl Icahn et d’autres sont devenus des donateurs importants de la campagne de Trump. Drôle de façon d’assécher le marais!
7. Le président Trump a fait des remarques incendiaires et des déclarations inexactes à propos de l’Iran
Le candidat Trump, lors de son discours complaisant livré à l’AIPAC, a promis de « démanteler l’accord désastreux conclu avec l’Iran ». Il a même colporté le mensonge que les USA ont « donné » 150 milliards de dollars à l’Iran. En fait, il s’agissait des propres fonds de l’Iran qui étaient gelés dans des institutions financières américaines à la suite de sanctions imposées unilatéralement. Ce n’était un « cadeau », mais bien une restitution.
On a dit de l’administration de George W. Bush qu’elle fabriquait « sa propre réalité ». L’administration de Donald Trump ira-t-elle dans le même sens en fabriquant « ses propres faits »?
Rappelons-nous en quoi consistait l’accord sur le nucléaire iranien.
Il s’agissait d’un accord conclu avec six pays (France, Allemagne, R.-U., Russie, Chine et USA) qui éliminait toute possibilité que l’Iran ne mette au point des armes nucléaires dans un avenir rapproché. Le président Trump va‑t‑il insulter tous ces pays et entrer en guerre contre l’Iran juste pour plaire à ses riches donateurs? J’espère bien que non, car ce serait dingue. Je doute fort que ce soit le type de « changement » que les électeurs américains souhaitent, c.‑à‑d. d’autres guerres d’agression à l’étranger inspirées par les néocons.
8. L’on s’attend à ce que l’administration Trump témoigne peu de respect pour l’environnement.
Scott Pruitt, le nouveau chef de l’Agence pour la protection de l’environnement (APA), est ouvertement contre la science du climat et la législation sur la qualité de l’air. À titre de procureur général de l’État de l’Oklahoma, il s’est opposé au plan pour une énergie propre de l’APA. Il pourrait être favorable à la combustion du charbon, très polluante.
En fait, c’est une chose d’être un climatosceptique, mais c’en est une autre d’être en faveur de la pollution de l’air. Certaines activités économiques engendrent des coûts liés à la pollution pour la population au complet en plus de causer des maladies. Ces coûts sociaux externes ne sont pas inclus dans les prix de marché des biens privés. Ils le devraient.
On n’a qu’à se tourner vers certaines villes chinoises comme Pékin pour voir jusqu’à quel point la pollution de l’air peut être destructive, lorsque les habitants doivent porter des masques quand ils sortent de la maison. La combustion du charbon à grande échelle crée du smog et est susceptible de générer une pollution de l’air mortelle. C’est ce que la Chine apprend à ses dépens, là où la pollution cause des milliers de décès prématurés.
De nombreux membres de l’administration Trump nient l’existence des changements climatiques et s’opposent aux recommandations des climatologues. Prenons Rick Perry, l’ancien gouverneur républicain du Texas et le choix du président Trump au poste de secrétaire à l’Énergie, qui refuse de croire qu’il y a un changement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre. Il est pourtant indéniable, par exemple, que l’année 2016 a été la plus chaude de tous les temps et que la tendance au réchauffement se poursuivra à mesure que les émissions de CO2 continueront d’augmenter.
Ainsi, sur le plan de l’environnent, l’on s’attend à ce que l’administration Trump soit anti‑intellectualiste et anti‑scientifique.
9. Après avoir fait des déclarations en ce sens, l’administration Trump devrait remplir la Cour suprême des USA de juges d’extrême-droite.
Le candidat à la présidence Donald Trump s’est dit prêt à remplir la Cour suprême des USA de juges pro‑vie d’extrême‑droite. M. Trump est reconnu pour avoir été pro-choix pendant la majeure partie de sa vie, bien qu’il ait exprimé son antipathie personnelle pour l’avortement, à trois exceptions près : lorsque la santé de la femme est en danger, en cas de viol et en cas d’inceste. En 1999, par exemple, il a déclaré à l’émission « Meet The Press » de la chaîne NBC, « Je suis très pro-choix. »
Cependant, lors de la dernière campagne présidentielle, le 1er août 2016, M. Trump est allé plus loin en disant que « je vais choisir de très bons juges de la Cour suprême, (…) dont la philosophie se rapproche du juge Antonin Scalia (1936-2016), un des juges les plus à droite à avoir siégé à la Cour suprême des USA.
Les propositions les plus controversées de l’administration Trump porteront sans aucun doute sur le type de juges qu’il proposera en vue de leur confirmation par le Sénat.
10. L’aspect positif, c’est que l’administration Trump se prépare à mettre fin à la nouvelle guerre froide avec la Russie fomentée par les néocons à Washington.
Sur la scène internationale, la contribution la plus positive de l’administration Trump pourrait être de mettre fin à la nouvelle guerre froide créée artificiellement avec la Russie, que les néocons au sein de l’administration Obama à Washington ont fomenté à partir de rien ces dernières années. Le président Donald Trump a été très clair à ce sujet en exprimant son désir d’adopter une approche plus pacifique envers la Russie et le président Vladimir Poutine. À bien des égards, il considère même la Russie comme un allié des USA et non comme l’adversaire dangereux que l’establishment néocon à Washington D.C. tente de le dépeindre depuis quelques années. Si l’on parvient à cette nouvelle détente avec la Russie, ce serait une réalisation majeure pour la paix dans le monde et la prospérité des USA.
Conclusion
L’un des aspects les plus négatifs de la démocratie est que, dans les faits, elle pousse les politiciens à être complaisants envers des groupes d’intérêts pour obtenir des votes et de l’argent, au détriment de l’intérêt public et du bien commun.
D’après ce que nous savons aujourd’hui, l’administration Trump pourrait être la plus tournée vers le commerce intérieur, la plus isolationniste et protectionniste sur le plan économique, et la plus favorable aux groupes d’intérêts. Si elle se dirige vraiment dans ce sens, cela pourrait avoir des répercussions négatives aux États‑Unis et dans le monde.
En tant qu’économiste, j’ai bien peur que l’administration Trump, qui est sans expérience, aille trop loin en désorganisant les multinationales américaines et en augmentant les droits de douane à l’importation. Cela pourrait engendrer des guerres commerciales désastreuses entraînant une stagflation qui nuiraient à l’économie américaine et aux économies nationales étrangères.
La nouvelle administration devrait faire preuve de prudence et éviter de devenir une administration extrémiste.
À suivre…
Rodrigue Tremblay
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Versão em Inglês
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Versão em Inglês
“Fascism should more appropriately be called Corporatism because it is a merger of state and corporate power.” Benito Mussolini (1883-1945), Italian politician, journalist, and leader of the National Fascist Party. (As quoted in Mats Erik Olshammar’s book Dragon Flame, 2008, p. 253)
“The dangerous American fascist is the man who wants to do in the United States in an American way what [Adolf] Hitler did in Germany in a Prussian way. The American fascist would prefer not to use violence. His method is to poison the channels of public information. — With a fascist the problem is never how best to present the truth to the public but how best to use the news to deceive the public into giving the fascist and his group more money or more power.” Henry A. Wallace (1888-1965), American politician, 33rd Vice President of the United States, 1941-1945, (in ‘The Danger of American Fascism’, The New York Times, April 9, 1944, and in ‘Democracy Reborn’, 1944, p. 259)
“Demagogue: one who preaches doctrines he knows to be untrue to men he knows to be idiots.” H. L. Mencken (1880-1956) American journalist and essayist, (in ‘Minority Report’, 1956, p. 207)
“With all that Congress has to work on, do they really have to make the weakening of the Independent Ethics Watchdog, as unfair as it may be, their number one act and priority. Focus on tax reform, healthcare and so many other things of far greater importance! “ Donald Trump (1946- ), on January 3, 2017, after House Republicans voted 119-74 to place the independent Office of Congressional Ethics under the control of the House of Representatives. (N.B.: They reversed their position after Mr. Trump’s criticism)
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Presidential candidate Donald Trump raised the hopes of many Americans when he criticized his political opponents for their close ties to Wall Street and, above all, when he promised to ‘drain the swamp’ in Washington D.C. He may still fulfill that last promise, but as the quote above indicates, he may have to fight House Republicans on that central issue. Candidate Trump also raised the hopes of many when he promised to end costly wars abroad and to concentrate rather on preventing jobs from moving offshore, on creating more middle-class jobs at home and on preventing the American middle class from shrinking any further.
No doubt the cabinet he has assembled is filled with well-intentioned and capable persons. And, it is only normal that a new president surrounds himself with loyal supporters and people with whom he feels comfortable ideologically and personally. And, let us be fair. Not many progressives or academics supported Donald Trump during the November 2016 election. However, on paper at least, it can be said that Trump’s cabinet looks to be more to the right than himself.
Nevertheless, the Trump administration will probably be the most pro-business administration and the wealthiest in American history. This is somewhat ironical because, during the November 2016 presidential election, Mr. Trump prevailed in poor, economically challenged cities, while Ms. Clinton drew her support in more affluent cities and counties.
The overall image that emerges, indeed, is a U.S. government fit for an inward-looking industrial-financial-military complex, made up, to a large extent, of billionaires and of Wall Street financiers (Ross, Mnuchin, Cohn, Clayton, etc.), of known warmongers (Mattis, Flynn, etc.), and of known Zionists (Bolton, Friedman, Greenblatt, etc.). However, this is a corporate government that is hostile to large American international corporations (GM, Coca-Cola, etc.), hostile to economic regulations and to economic globalization in general.
There is a clear possibility, considering its composition, that the pro-domestic-business Trump administration could herald a new Robber Baron era of laissez faire capitalism within the United States, somewhat similar to the one that led, in reaction, to the passage of the Sherman Anti-Trust Act in 1890. If so, history could repeat itself. Only time will tell.
A genuine desire for radical change
There is no doubt that the 2016 U.S presidential election revealed a desire for radical change on the part of a large segment of the U.S. electorate, discontent and dissatisfied with the way things are these days with the political gridlock in Washington D.C. and with the relatively stalled U.S. economy.
The economic policies espoused by the U.S. establishment over the last quarter century have resulted in the rich getting richer and the poor getting poorer, with the result also that economic and social mobility for average American families has declined and is now much lower than in other advanced economies. This has been an important cause for disillusion and anger among many Americans who feel that the economic system is rigged against them and in favor of the very rich.
Can President Trump succeed in bringing about fundamental, even revolutionary change, especially in reducing political corruption and in bringing more economic and social justice for American workers, or will he be engulfed in the morass of politics as usual in Washington D.C.? Here again, only time will tell.
On the other hand, President Trump can hardly pretend to have received an overwhelming political mandate for change from the electorate, considering that he got 2,865,000 fewer votes than Democratic presidential candidate Hillary Clinton. The last time that this happened was in 2000 when Republican presidential candidate George W. Bush received about 540,000 fewer votes than his adversary Al Gore, but he was nevertheless elected president by the U.S. Electoral College.
Moreover, by professing to want to cumulate his responsibilities as U.S. President and those as a de facto head of his own international real-estate company, and by refusing to park his private business interests in a blind trust, thus creating a permanent conflict of interests, President Donald Trump is sending the wrong signal. And transferring the daily executive responsibilities to his sons does not pass the smell test.
During the 2016 campaign, candidate Trump clearly said that “[I]f I become president, I couldn’t care less about my company. It’s peanuts… I wouldn’t ever be involved because I wouldn’t care about anything but our country, anything.” Public interest, indeed, is not the same as private personal interests, and it is difficult to believe that Mr. Trump has had a change of mind on such an important issue. People should expect their politicians not to use their positions, directly or indirectly, to enrich themselves. Period.
Let us consider how a strong pro-business Trump administration could have some beneficial results in the short run, but could also be very disruptive in the long run, both for the United States and for the world.
1. Donald Trump’s authoritarian approach may endanger American democracy
American democracy may be seriously tested in the coming months and years, as a President Donald Trump administration begins implementing a fundamental shift in American domestic and foreign policies. This could be either for better or for worse.
That is because the new U.S. president, Donald J. Trump (1946- ), is a businessman, in fact, an international real-estate mogul who owns hotels, golf courses and casinos in many countries, who has no government experience of his own and who has run his family business with total control. Moreover, businessman Donald Trump has tended to trust his business instincts more than his head in making important decisions, and he is also inclined to act in a self-serving manner. He is a person who, temperamentally and on occasion, does not hesitate to denigrate, humiliate and bully people around to get his way. Indeed, his modus operandi in his dealings with people seems to rely on intimidation and on bluffing in order to exact concessions on their part and to obtain some benefits for himself.
Some fifteen years ago, another businessman was elected to the American presidency, i.e. Texan oilman George W. Bush (1946- ), who also boasted that he made decisions with his guts. That did not turned out too well for the United States, as Bush II ended up being one of the worse presidents the U.S. ever had. Presidential candidate Trump even said publicly that George W. Bush was “the worst President in history”, and said he should have been impeached because he lied about the presence of weapons of mass destruction (WMDs) in Iraq with the clear intention of tricking the American public into supporting a war against that country.
It’s true that George W. Bush did not hide his intentions of governing in an authoritarian way when he declared, “I’m the commander in chief, see, I don’t need to explain, I do not need to explain why I say things. That’s the interesting part about being president. Maybe somebody needs to explain to me why they say something, but I don’t feel like I owe anybody an explanation”, as this was documented in Bob Woodward’s book ‘Bush at War’, 2002. Will President Trump take such a statement as a precedent, or will he be more open to outside ideas to improve things?
2. Fears of trade wars and disruptive protectionism looming ahead
President Donald Trump has made no qualms about being a trade protectionist. His spokespersons have repeatedly said that the new administration is a protectionist one. It is one thing to adopt ad hoc protectionist measures; it is another matter to adopt an overall protectionist policy that could lead to widespread economic disintegration, and trigger costly economic dislocations, uncertainty and, possibly, risk a worldwide economic depression.
This could also mean bringing forward destructive laws, similar to the protectionist 1930 Smoot-Hawley Tariff, which imposed high tariffs and other barriers to the importation of foreign-produced goods.
There are, however, international trade laws that prevent one country from singling out another country for punitive tariffs or trade impediments without cause. If the Trump administration were to violate those laws, other national governments could be expected to retaliate, and this could wreak havoc with international trade and world prosperity. In the 1930s, protectionist “beggar-thy-neighbor policies” raised unemployment and intensified the Great Depression. Nobody can be absolutely sure that this would not be repeated if similar policies were pursued today.
In fact, it is far from certain that increasing duties on imports would be beneficial to the U.S. economy. Such impediments to trade would push up the prices of goods in the United States, thus making it harder for workers on low salaries to buy them. American exports could also suffer when other countries retaliate and raise tariffs on goods produced in the U.S. and shipped from the U.S., creating unemployment in many American exporting industries, notably in the agricultural sector.
With American protectionist policies raising prices, the Fed could then be expected to raise interest rates faster, thus slowing down interest-rate sensitive industries such as the construction industry, while higher U.S. interest rates could appreciate the U.S. dollar vis-à-vis other currencies, resulting in a further decline of U.S. exports abroad and negating the expected objective of protectionism.
Indeed, President Trump and his advisers could learn some lessons in economics in 2017-2018, when they see an extraordinary strong U.S. dollar, boosted by their expected protectionist policies, destroying American exports and possibly also tanking the stock market. Large American international companies could be expected to suffer the most, and those who work for them or own stocks in them would also suffer, both from the artificially strong dollar and from retaliations from other countries.
Therefore, it is far from a sure thing that the jobs created in American import-substituting industries would not be counterbalanced by the loss of jobs in American export industries. The result could be net negative for the U.S. economy as a whole. Protectionist policies could also lower American overall productivity, in the long run, because of a reduction in economies of scale caused by a contraction of U.S. export industries and in their investments.
3. The North American economy could be disturbed and political relations could possibly turn sour
The United States needs allies and friends in the world, and there is no better friend of the United States than neighboring Canada. In 1988, the Reagan administration reached a free trade agreement (FTA) with Canada, a country with a similar free market economy and standard of living, which has benefited both countries. In 1994, the Clinton administration enlarged the Canada-US free trade Agreement to include Mexico, the latter country having a standard of living that is less than one third the American standard of living. That was NAFTA.
The Trump administration intends not only to cancel the already signed trade agreement (TPP) with Asiatic countries and to end negotiations for establishing a transatlantic trade and investment partnership (TTIP), but President Trump would also like to reopen and renegotiate the North American Free Trade Agreement (NAFTA). Such isolationist moves are bound to create unnecessary economic and political frictions besides creating a lot of uncertainty. For neighboring Canada and Mexico, this has the potential of disrupting their economies. Let us hope that cooler heads will prevail and that the baby of economic cooperation won’t be thrown out with the bathwater of trade irritants.
Mr. Trump and his advisers should know that trade is a two-way street and that a country pays for its imports with its exports. They must know, therefore, that Canada is the U.S.’s number one trading partner and that there are 35 U.S. states (New York, Pennsylvania, Michigan, Minnesota, Illinois, Indiana, Iowa, Kansas, New Hampshire, Wisconsin, Alaska, etc.) for whom the number one export country for their goods and services is Canada.
In 2015, for the record, the United States exported goods and services to Canada for a total value of $337.3 billion, and imported from Canada goods and services valued at $325.4 billion, for a net U.S. surplus equal to $11.9 billion. In 2015, Canada was the United States’ number-one goods export market. Moreover, American companies had direct investments worth $386.1 billion in Canada, in 2014, while Canadian companies had direct investments in the United States worth $261.2 billion in the same year.
The Trump administration should know that, in 2015, nearly 9 million American jobs depended on U.S. trade and investment with Canada. Therefore, Canada is not a country posing a trade problem to the United States and Mr. Trump and other U.S. politicians should know it. The Canadian and American economies are well integrated and are complementary to each other.
The motto should be: If it’s not broken, don’t fix it.
4. Drastic U.S domestic policy changes may hurt the poor and enrich the already super rich, thus exasperating inequality, if they are not replaced by better policies
Presidential candidate Trump promised to lower U.S. corporate tax on corporate profits from 35% to 15%. Even though the real corporate tax rate paid by most American corporations is much lower than the posted rate, being closer to 12%, such a drastic drop in the official corporate taxation rate is bound to make the rich richer. In fact, the post-November-8 stock market rally is largely a reflection of that promise to lower the corporate tax rate.
Similarly, candidate Donald Trump has promised to deregulate U.S. mega banks, which were at the center of the 2008 subprime loan financial crisis, and especially end the Dodd-Frank rules, which require banks to hold more capital as an insurance against catastrophic failures. Here we go again: politicians pandering to those who can give them money, while risking the stability of the entire financial system and the jobs of millions of Americans. If this comes to pass, the next financial crisis may be called the ‘Trump financial crisis’.
On the social side, Trump’s promise to dismantle the Obamacare program, without advancing a credible replacement, may end up hurting the poorest Americans. Indeed, what would happen to the some 20 million Americans who previously had been left out of secured access to health services through employer-sponsored insurance? In politics, it is usually easier to dismantle something than to build something of value.
5. U.S. economic and political clashes with China may be very disruptive to world peace
The Chinese government is a communist and authoritarian government, even though it has moved, since 1978, under the leadership of Deng Xiaoping (1904-1997), to a more decentralized market-oriented socialist economy. The biggest economic step for China came on December 11, 2001, when it officially abandoned protectionism as a policy and joined the World Trade Organization (WTO), thus integrating the world economy.
It is true that the U.S. has a trade deficit with China. In 2015, for example, American exports to China amounted to $116.1 billion while the U.S. imported goods from China valued at $483.2 billion, leaving a trade deficit equal to $367.1 billion. That is party due to the fact that many U.S. companies have invested in China, and they imported goods from China. This is partly due to the fact that the U.S. government has a large fiscal deficit, and some of it translates into an external trade deficit. Of course, it is true that China is also a large low-wage country, and its products are very price-competitive.
An important point of contention between the U.S. and China has been the value of the latter country’s currency, the Yuan. Critics have argued that the Chinese currency has been kept artificially undervalued, thus reducing the price of Chinese goods on international markets and stimulating its exports. The Chinese government has argued that the Yuan exchange rate reflects its own economic conditions, i.e. low labor costs, and that the value of the Yuan, in fact, has been appreciating over the last twenty years and that the country runs trade deficits with other countries.
Such an issue should be settled by a panel of international monetary experts, and should not be a pretext for a trade war.
6. The Trump administration, by siding even more openly with Israel than previous American administrations, may make matters worse in the Middle East
During the electoral campaign, candidate Trump said, on many occasions, that he wanted to reduce congressional term limits, fight political corruption and stop the influence of the tens of thousands of lobbies in Washington D.C.
Ironically, on Monday evening, March 21, 2016, Mr. Trump appeared in front of the most powerful foreign policy lobby in the U.S., the pro-Israel American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), an umbrella lobbying organization that boasts of having access to a vast pool of political donors. He then delivered the most demagogic and the most pandering speech that a politician can make to get votes and money from a lobbying organization. So much so that, the next day, AIPAC president Lillian Pinkus had to apologize for some of Mr. Trump’s remarks.
During his speech, Mr. Trump went on to please his listeners by declaring that he was prepared to turn a blind eye to the issue of illegal Israeli settlements that the Israeli government has allowed on the occupied lands Palestinians want for their future state. He went even further and said that he would veto “100 percent”, as U.S. President, any attempt by the United Nations to impose a Palestinian state on Israel, provoking cheers and applause. Mr. Trump went on promising to “move the American embassy to the eternal capital of the Jewish people, Jerusalem”, a shift of policy that would be denounced by most other countries, even if this was met with cheers and applause by the AIPAC delegates.
Soon after his AIPAC speech, not surprisingly, prominent American billionaires, such as casino magnate Sheldon Adelson, casino owner Phil Ruffin, activist investor Carl Icahn, etc. became prominent donors to the Trump campaign. So much for draining the swamp!
7. President Trump has made incendiary and false statements about Iran
Candidate Trump, in his pandering speech to AIPAC, promised to “dismantle the disastrous deal with Iran”. He even repeated the lie that the U.S. government “gave” $150 billion to Iran. In fact, that sum was Iran’s own funds that had been frozen in American financial institutions because of unilateral sanctions. This was not a “gift”. It was restitution.
It was said of the George W. Bush administration that it made “its own reality”. Would the Donald Trump administration be on the same track in creating “its own facts”?
Let us remind ourselves what the Iran Deal was.
It was an agreement reached by six countries (France, Germany, the U.K., Russia, China, and the United States), which removed the possibility that Iran develop nuclear weapons in the foreseeable future. Would President Trump insult all these countries and opt to go to war with Iran to please his rich donors? I hope not. That would be crazy. I doubt very much that this is the type of “change” that American voters want, i.e. more neocon-inspired wars of aggression abroad.
8. The Trump administration is expected to show little respect for the environment
Scott Pruitt, the new Head of the Environmental Protection Agency (APA) is openly a denier of climate science and of clean air legislation. As Attorney General of the state of Oklahoma, he opposed the Environmental Protection Agency (APA) over its Clean Power Plan. He can be expected to encourage highly polluting coal burning.
Indeed, it is one thing to be a climate change skeptic, and another to be pro- air pollution. There are economic activities that generate pollution costs to the entire population and cause diseases. Such social external costs are not included in the market prices of private goods. They should be.
People have only to look at some Chinese cities, like Beijing, to see how destructive air pollution can be, when people have to wear masks when going outside their homes. In particular, burning coal on a large scale creates smog and is a recipe to generate deadly air pollution. That is what China is learning the hard way, as this results in thousands of premature deaths.
Numerous members of the Trump administration are climate change deniers and are opposed to climate scientists’ recommendations. For one, Rick Perry, the former Republican Governor of Texas and President Trump’s choice for Energy Secretary, denies that climate change is happening or that it is caused by greenhouse gas emissions. It is undeniable, for example, that the year 2016 was the warmest ever and that the trend toward a warming climate will continue as CO2 emissions keep increasing.
On the environment, therefore, the Trump administration can be expected to be anti-intellectualism and anti-science.
9. After statements made to that effect, the Trump administration is expected to pack the U.S. Supreme Court with far-right judges
Presidential candidate Donald Trump is on record as willing to pack the U.S. Supreme Court with far right pro-life judges. Mr. Trump is known to have been, for most of his life, pro-choice, although he has expressed a personal dislike for abortion, except for three exceptions, i.e. when the health of a woman is in danger, in case of rape, and in case of incest. In 1999, for example, he told NBC ‘Meet The Press, “I’m very pro-choice.”
However, during the last presidential campaign, on August 1, 2016, Mr. Trump went further and said that “I will pick great Supreme Court Justices”, …similar in philosophy to the late Justice Antonin Scalia (1936-2016), one of the most far right judges ever to have sat on the U.S. Supreme Court.
The most contentious proposals of the Trump administration will undoubtedly be the type of judges it nominates for confirmation by the U.S. Senate.
10. On the positive side, the Trump administration is bound to end the Washington Neocons’ New Cold War with Russia
In international affairs, the main positive contribution that the Trump administration could bring to the world would be to put an end to the artificially created New Cold War with Russia that Washington Neocons have initiated from scratch in recent years, within the Obama administration. Indeed, President Donald Trump has been most clear in expressing his desire to adopt a more peaceful approach to Russia and President Vladimir Putin. In many areas, he even considers Russia to be an ally of the U.S., not the dangerous adversary that the Neocon establishment in Washington D.C. has tried to portray it to be in recent years. If this New Détente with Russia can be achieved, it would be a major accomplishment for world peace and for American prosperity.
Conclusion
One of the weak characteristics of democracy is that, in practice, it pushes politicians to pander to special interests for votes and money, at the expense of public interest and the common good.
From what we know so far, the Trump administration is geared to be the most pro-domestic-business, the most economically isolationist and protectionist, and the most pro-special interests American administration, ever. This could spell trouble for the United States and for the world if it truly acts in that direction.
As an economist, indeed, I fear that an inexperienced Trump administration would go too far, too fast in dislocating American international corporations and in raising domestic tariffs on imports. The end-result could be some disastrous trade wars that would create stagflation and that would hurt both the American and foreign national economies.
This is an administration that should heed a few words of caution, and it should refrain from being an extremist administration.
Stay tuned.
Economist Dr. Rodrigue Tremblay is the author of the book “The Code for Global Ethics, Ten Humanist Principles”, and of “The New American Empire”.
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