Les émois des banquiers centraux européens
La BCE est engagée dans deux débats internes qui font rage dans la perspective de la finalisation de sa revue stratégique prévue pour juin 2021. En attendant, le 10 décembre, elle a déclaré qu’elle « recalibrerait » ses programmes, probablement en élargissant son programme d’achat d’obligations et les prêts ultra bon marché aux banques, ce qui fait aussi débat.
Les gouverneurs vont devoir décider s’ils élargissent encore leur mandat sans le dire. En d’autres termes s’ils confirment qu’ils vont continuer de faire évoluer leur intervention monétaire officielle en intervention budgétaire. Le débat tourne autour du respect par la BCE de sa neutralité vis à vis du marché, que ses interventions en faveur de la transition écologique défendues par Christine Lagarde mettraient en cause.
Pour les intransigeants, pas question de privilégier les achats d’obligations vertes, qui mettraient en cause sa neutralité tandis que Christine Lagarde en fait un axe principal. Ne rien changer à l’action de la banque centrale n’est plus une option face au dérèglement climatique, car selon les traités, la BCE « doit apporter son soutien aux politiques économiques générales dans l’Union, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de l’Union, dès lors que cela ne porte pas préjudice à l’objectif de stabilité des prix. »
Première option une modulation des taux lorsque les banques se présentent au guichet de la BCE, en fonction de l’intensité carbone de leurs portefeuilles de prêts. Deuxième option, elle pourrait dédier un programme d’achats à la seule dette publique émise pour financer la transition climatique ce qui lui permettrait de la faciliter sans financer directement des gouvernements. Les autres sont plus scabreuses et ne seront probablement pas adoptées, car elles impliquent de revoir les traités, la BCE cadre institutionnel en venant à monétiser les dépenses publiques en les achetant pour les l’effacer.
L’autre discussion, plus technique, porte sur la mesure de l’inflation, car elle est calculée en s’appuyant sur une consommation qui est différemment structurée en raison des effets de la pandémie. Mais comment s’y prendre, l’idée étant d’obtenir un taux plus proche de la cible de la BCE ? F.L.
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