"O MONEY BOARD( a impressora de dinheiro) É UMA MORFINA BANCÁRIA DE ALTA DOSE" - DANIEL DEGUEN
Com a crise financeira de 2008, os abusos do sistema bancário de repente vieram à tona para grande parte da população. Nesta entrevista exclusiva realizada por Olivier Berruyer em 2012, Daniel Deguen, ex-vice-diretor do Tesouro e insider do mundo das finanças, discute o nascimento dos chamados bancos “universais” e os desvios que os acompanharam.
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Daniel Deguen, nascido em 1928, é um ex-funcionário público francês e ex-gerente de banco, especialista em questões bancárias e financeiras. Foi Diretor Adjunto do Tesouro (1967-1969); Secretário-Geral do Conselho Nacional de Crédito (1971-1974), então Presidente do Comptoir des Entrepreneurs (1981-1982) e do Crédit Commercial de France (1982-1984).
Olivier Berruyer: Você pode voltar aos estágios principais do que é chamado de “transformação bancária” francesa?
Daniel Deguen: O banco de crédito imobiliário de longo prazo foi uma revolução marcada pela criação do Crédit Foncier em 1852. Ele concordou em emprestar em um prédio construído, até 50% do valor estimado do penhor, numa época em que os preços não flutuavam tão rapidamente quanto hoje. Após a guerra, esse mecanismo foi potencializado pela possibilidade de redescontar esses empréstimos de médio prazo com o Banque de France. Controlava todos os balanços, recorrendo a organismos intermediários entre si e os banqueiros de base (como Crédit Foncier, Crédit National e alguns outros) para ser garantido por pelo menos três assinaturas diferentes.
Um dia, um banqueiro de nome Jacques de Fouchier (irmão do presidente do Crédit du Nord) criou a Union du Crédit pour le Bâtiment, oferecendo aos bancos o financiamento de empréstimos à habitação a médio ou longo prazo, se aceitassem emprestar-lhe algum dinheiro a curto prazo. Foi uma revolução, porque os bancos praticamente não concediam crédito imobiliário a pessoas físicas.
Em seguida, os bancos assumiram esse mercado diretamente, usando o setor imobiliário como líder de perdas para conquistar novos clientes. E no dia em que os bancos de depósitos começaram a conceder hipotecas a taxas inferiores às desses bancos, de fato os expulsaram gradualmente do mercado ou os forçaram a unir forças com grupos bancários mais diversos. Foi assim que a Compagnie Bancaire ingressou no Paribas antes que o próprio Paribas fosse adquirido pelo BNP.
Este desenvolvimento é uma boa ilustração das razões do aparecimento da própria noção de banco universal: não se deve mais buscar um equilíbrio entre ativos e passivos para cada atividade considerada separadamente, mas ao nível global de todas as atividades do grupo.
Poussée à l’extrême, cette démarche permet sans conteste de maximiser les profits, mais comporte le risque de fausser les équilibres économiques pour deux raisons : en permettant des allocations de ressources à des conditions inférieures à leur coût normal grâce aux profits réalisés dans d’autres secteurs d’une part, et, d’autre part, en poussant à l’utilisation de techniques de plus en plus élaborées pour la gestion globale de l’équilibre actif-passif (produits « structurés », marchés dérivés) sans toujours avoir conscience de la fragilité des modèles qui sous-tendent ces techniques, des risques de contrepartie qu’ils peuvent cacher et des interactions éventuelles entre les paramètres des modèles. Ces dernières peuvent s’avérer aussi nocives, pour la fiabilité des instruments financiers, que les effets secondaires des médicaments et leurs interactions, pour la santé des malades.
« Une fois "libérées", les banques américaines sont rapidement retombées dans les extrêmes qui avaient été à l’origine de la crise de 1929. »
Les banques françaises se sont peu à peu transformées en banques universelles, assouplissant progressivement les frontières imposées par la réglementation entre les différentes activités. Leur développement à l’international, et en Amérique en particulier, les a toutefois conduites à entrer en concurrence avec le système bancaire américain, qui a fait de cette concurrence un argument supplémentaire pour obtenir l’abolition du Glass-Steagall Act en 1999. Cette abolition est à replacer dans un contexte général de libéralisation et de déréglementation, reposant sur la sacralisation des marchés financiers comme régulateurs « naturels » des activités économiques. Une fois « libérées », les banques américaines sont rapidement retombées dans les extrêmes qui avaient été à l’origine de la crise de 1929.
O. Berruyer : Que pensez-vous de cette transformation ?
D. Deguen : L’idée de départ était de permettre, voire d’inciter, les banques de dépôts à prêter à plus long terme, sans obligation pour elles de le faire. Cependant, l’État ne pouvait pas engager les banques à adopter cette idée sans laisser entendre qu’il serait là pour les secourir si cela tournait mal. Le Crédit Lyonnais, quelque temps plus tard, a peut-être cru entendre cela, ce qui l’a conduit aux extravagances que l’on sait...
Le système proposé en Angleterre par la Commission Vickers, visant à cantonner la banque de dépôt pour cloisonner les activités bancaires sûres, ne me paraît pas absurde dans son principe, bien qu’il soit compliqué. Mais le système Vickers se surajoutant à un Bâle III, cela devient un peu fou.
« Il faut accepter que les banques d'affaires fassent faillite, car leurs actionnaires ou prêteurs savent et acceptent, dans l'espoir de faire de gros bénéfices, qu'ils ont un risque et le mesurent eux-mêmes. »
L’une des « vertus » d’une banque d’affaires (et j’inclus sous ce terme les banques d’investissement) est bien de pouvoir faire faillite. En effet, elles ne sont utiles que dans la mesure où, prenant des risques, elles en subissent les conséquences en cas d’erreur. Schumpeter a démontré que le progrès était une suite de faillites réussies, de même que la marche est une suite de chutes évitées.
Pour autant, la faillite d’une banque d’affaires ne doit pas mettre en péril les banques de dépôt. Il faut accepter que des banques fassent faillite, mais pas des banques de dépôt, uniquement des banques d’affaires, dont les actionnaires ou les prêteurs savent et acceptent, dans l’espoir de faire de gros bénéfices, qu’ils ont un risque et le mesurent eux-mêmes.
Le lobby bancaire avance souvent que la séparation ne règle rien, citant Lehmann Brothers qui était une simple banque d’affaires...
Mais par qui était financée Lehmann Brothers ? L’ensemble des banques mondiales a tremblé quand Lehmann Brothers est tombée parce que directement ou indirectement elles en dépendaient ! C’était un écheveau compliqué. Tous les appels de marge n’ont sans doute pas été respectés de façon scrupuleuse entre banquiers qui se connaissaient très bien et n’estimaient pas avoir besoin d’une chambre de compensation pour réduire leurs risques quand ils traitaient avec de grands noms. Comment être certain de la solidité des contreparties dans des opérations de gré à gré ?
Pour Lehmann Brothers, l’écheveau n’aurait pas pu être démêlé sans l’organisation de sa faillite par l’État américain qui a veillé à en limiter les répercussions sur le reste du système bancaire. On a dit aux Américains que Lehmann Brothers avait presque fait sauter le système par leur faute. Les Américains l’ont laissé faire faillite, mais c’était sans doute politiquement nécessaire pour obtenir les énormes moyens qu’ils ont ensuite déployés pour contenir la contagion. Ils avaient évidemment des vues intéressées. Ce n’était pas pour faire plaisir à la Société Générale ou à telle autre banque étrangère, mais parce que le système financier américain tout entier se serait effondré sans cela.
Il était essentiel pour eux de protéger AIG dont la chute, compte tenu de la place prise par AIG sur les marchés de produits dérivés, aurait eu de terribles conséquences des deux côtés de l’Atlantique. Sa faillite aurait eu un lourd impact sur plusieurs banques européennes, la Société Générale, voire la BNP. Rien n’obligeait ces banques à prendre des risques sur AIG, sinon le désir d’intervenir sur toute la gamme des activités financières et de suivre le mouvement général.
Je souhaiterais attirer votre attention sur le scandale financier de Parlamat (2003), qui constitue un sommet de l'aveuglement volontaire. On a bien vu que quatre ou cinq grandes banques internationales avaient parfaitement compris les errements de Parmalat et avaient cependant organisé son financement en renvoyant les risques sur d’autres prêteurs qui leur faisaient confiance. Leur responsabilité pénale était particulièrement lourde puisque pour gagner des commissions, elles avaient permis l’émission d’obligations et d’actions de Parmalat dont elles ne pouvaient ignorer la situation critique. Rétrospectivement, on est en droit de se demander si des condamnations plus spectaculaires n’auraient pas mis fin à des dérives qui se sont poursuivies jusqu’à nos jours.
« Il faut espérer que les banques centrales ne découvriront pas trop tard qu’elles ont joué à l’apprenti sorcier... »
S’il n’y a pas un cartel des banques internationales en matière d’introductions boursières, il y a du moins une certaine forme de connivence dans la mesure où les grandes banques d’affaires américaines ont une position dominante et peuvent facilement convaincre leurs partenaires de s’associer à une opération critiquable.
Faute d’agir avec suffisamment de rigueur pour prévenir les crises, on tente d’en conjurer les conséquences en abaissant les taux d’intérêt et en créant des liquidités dans des proportions énormes. On a donc noyé sous des liquidités extraordinaires la faillite des systèmes bancaires européen et américain. En même temps, et cela explique qu’il n’y ait pas eu d’inflation, on a répondu à une demande de liquidité gigantesque des pays émergents. Les travailleurs brésiliens ou les Chinois, plus compétitifs, qui alors saisi cette occasion. Ils ont travaillé pour le compte de ces pauvres Américains et Européens qui préféraient continuer à s’endetter et à consommer des produits importés.
L’expérience a remarquablement illustré l’efficacité des théories keynésiennes. Les banques centrales des pays dominants dans le monde, seules capables de créer de la monnaie internationale se sont coalisées pour créer des masses de liquidités qui ont accéléré la croissance des pays en développement. Évidemment, ce n’était pas leur but principal. Leur but était de noyer sous les liquidités les pertes du système bancaire. À ce titre, la planche à billets est une morphine à haute dose pour les banques souffreteuses des vieux continents, mais une drogue puissante pour les pays émergents.
Mais peut-on longtemps décaler les problèmes dans le temps ?
En réalité, il n'y a que deux scénarios possibles. Le premier est celui actuellement à l’œuvre : la rigueur et l’austérité pour tous. Après un premier effet de torpeur, cela provoque généralement des troubles sociaux. Il est difficile d’abuser de l’austérité sans donner à la population l’espoir d’en sortir. Le second scénario est celui de l’inflation, qui entraîne la ruine des plus âgés, des retraités et des rentiers, au profit des actifs.
Les banques centrales sont conscientes qu’elles ne pourront pas continuer indéfiniment une politique accommodante sans déclencher un jour une inflation généralisée. Mais, elles craignent aussi, en fermant les robinets trop tôt ou trop brutalement, de provoquer une récession. Il faut espérer qu’elles trouveront le point d’équilibre et ne découvriront pas trop tard qu’elles ont joué à l’apprenti sorcier...
Entrevista de Olivier Berruyer em 3 de julho de 2012.
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