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22 de dezembro de 2017

A nova estratégia de segurança americana

Versão em Francês e em Inglês

Hier, la Maison-Blanche a publié une nouvelle Stratégie de sécurité nationale (pdf). Le président en avait parlédans un discours de campagne, ce qui est inhabituel. Le document est aussi plus long que d’habitude :
La Stratégie de sécurité nationale de Reagan avait 41 pages, celle de Bush (2002), 31, celle d’Obama (2015), 29. Celle de Trump comporte 55 pages : un assortiment de priorités sans réelles priorités.


La première « responsabilité fondamentale » du de la Stratégie de sécurité nationale (SSN) est :
... de protéger le peuple américain, la patrie et le mode de vie américain...
Micah Zenko souligne que le document ne répond pas vraiment à cet objectif :
Pratiquement rien dans le document... ne traite des menaces, des risques et des préjudices systémiques intérieurs qui empoisonnent la vie quotidienne des Américains.
...
Le SSN de Trump... mentionne les terroristes 58 fois, et s’engage à ’vaincre les terroristes djihadistes’, comme tous les documents précédents de SSN depuis le 11 septembre. Au cours des 16 dernières années et plus, les djihadistes ont tué 103 Américains aux États-Unis, tandis que les terroristes de droite en ont tué 68. Au cours de cette même période, le nombre de décès liés à la drogue a plus que triplé, avec plus de 59 000 Américains morts en 2016, tandis que le taux de suicide aux États-Unis a augmenté de 25 %, entraînant 43 000 décès chaque année.
...
Le SSN de l’administration Trump ne fait pas ce qu’il prétend faire - protéger les Américains - en grande partie parce qu’il ne répond pas aux véritables menaces et risques auxquels les Américains sont confrontés. C’est peut-être une politique étrangère ’ America First ’, comme le prétend le président, mais elle ne fait pas passer les Américains d’abord.
Même si elle aborde un grand nombre de questions de politique étrangère, la nouvelle NSS est plus réaliste – en tout cas sur le papier - que la version plus idéaliste de stratégie impériale d’Obama. Il y a moins de blablabla sur les « valeurs » et plus d’accent sur les « rivaux », surtout la Chine et la Russie.
Le fait de qualifier ces deux pays de rivaux implique que les États-Unis considèrent qu’ils sont au même niveau qu’eux-mêmes. Cela marque la fin de « l’hégémonie » dont se sont targué les Etats-Unis après l’effondrement de l’Union soviétique. Bien sûr, les États-Unis continuent de vouloir se démarquer. Ils viennent d’opposer un veto ridicule à une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies qui réaffirmait que Jérusalem était occupée. Mais voter contre tous les autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies, y compris des alliés proches comme la Grande-Bretagne, n’est pas la marque d’un leader mondial, mais d’un État paria.
Que la « période hégémonique » soit terminée pourrait avoir des aspects très positifs pour le monde. Les États-Unis ont profité du fait qu’ils n’avaient plus d’opposants puissants pour faire plus de guerres :
Les États-Unis ont participé à 46 interventions militaires entre 1948 et 1991, mais ce nombre a quadruplé entre 1992 et 2017 pour atteindre 188.
Les interventions d’après 1991 ont eu lieu alors même que les Etats-Unis n’avaient plus de raison de « contrer le communisme » et que leurs chances de voir leurs intérêts attaqués militairement étaient plus faibles qu’auparavant. De plus, bon nombre de ces interventions n’ont pas été couronnées de succès. D’autres États ont trouvé des moyens de contrer leur écrasante puissance militaire.
Les États-Unis, à qui plus personne ne pouvait s’opposer, ont cessé de prendre en considération les réactions potentielles des autres pays. Ils n’ont même pas fait preuve du plus élémentaire « respect des opinions de l’humanité ». Ils se sont révélé un danger pour la paix mondiale. Ils sont intervenus partout où ils le pouvaient, sans même prendre en compte leur intérêt national ni les chances de vaincre. La « période d’hégémonie » a coûté aux États-Unis beaucoup d’argent et d’énergie, et elle ne leur a pas rapporté grand’ chose.
Si la stratégie américaine était rationnelle, elle devrait admettre que l’approche unilatérale a échoué et mettre l’accent sur d’autres méthodes. Une véritable coopération mondiale et un plus grand usage de la diplomatie seraient probablement plus fructueux que la puissance militaire. Mais la nouvelle Stratégie de sécurité nationale ne v pas dans ce sens. Tout en affirmant qu’elle « va augmenter l’influence américaine », elle ignore ou rejette le changement climatique et le « code de la route » international, comme la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS). L’Administration Trump consacre plus de ressources à l’armée et moins aux mesures de politique étrangère diplomatiques et économiques. Elle est donc fidèle à la position de Trump pendant sa campagne, elle est isolationniste.
On peut soit avoir un rôle hégémonique, soit exercer une influence plus fine en collaborant avec les autres. La méthode hégémonique qui a donné les interventions militaires n’a pas été couronnée de succès. L’approche de la coopération est mise en avant théoriquement dans le SSN, mais écartée dès qu’on en arrive aux choses concrètes. La troisième voie est celle de l’isolationnisme.
En tant que citoyens du monde, je salue cette évolution. Des États-Unis qui se ne sentent plus tout puissant y réfléchiront sans doute à deux fois avant de lancer de nouveaux conflits. Ils feront moins de tort aux autres et à eux-mêmes.
Moon of Alabama 
Traduction : Dominique Muselet


The New National Security Strategy Paves A Path To Isolation

Yesterday the White House published a new National Security Strategy (pdf). The publication was, unusually, announced by the president in a stump speech. The new NSS is unusually long:
Reagan National Security Strategy was 41 pages, Bush 2002 was 31, Obama 2015 was 29. Trump's is 55 pages: Buffet of priorities without much prioritization.
The first "fundamental responsibility" the NSS sets out is:
.. to protect the American people, the homeland, and the American way of life ..
Micah Zenko points out that it does not really do that:
[A]lmost nothing in the .. document deals with the actual domestic threats, risks, and systemic harms that Americans experience every day.
...
The Trump NSS .. mentions terrorists 58 times, and pledges to “defeat jihadist terrorists,” just as all previous NSS documents have done since 9/11. Over the past 16-plus years, jihadis have killed 103 Americans within the United States, while right-wing terrorists have killed 68. During that same time period, drug-induced deaths have more than tripled, with over 59,000 Americans dying in 2016, while America’s suicide rate has risen by 25 percent, resulting in 43,000 deaths annually. 
...
The Trump administration’s NSS fails to do what it claims — protect Americans — largely because it does not address the real threats and risks faced by Americans. It might be an “America First” foreign policy, as the president contends, but it does not put Americans themselves first.
While it touches lots of foreign policy issues, the emphasis of the new NSS is more realist than the - on paper - more idealistic version of Obama's imperial strategy. There is less schmoozing about "values" and a new emphasis on "rivals", most importantly China and Russia.
Labeling those two countries as rivals implies that they are again seen on a similar level than the U.S. itself. It thus marks the end of the "unilateral moment" that the U.S. felt entitled to after the end of the Soviet Union. Sure, the U.S. is still trying to set itself apart from others. It just ridiculously vetoed a UN Security Council resolution that reaffirmed the occupied status of Jerusalem. But voting against all other members of the UNSC, including close allies like Britain, is not a sign of global leadership but of a pariah state.
That the "unilateral moment" has passed might have some very positive aspects for the world. The end of a global competition had allowed the U.S. to wage more wars:
[W]hile the United States engaged in forty-six military interventions from 1948–1991, from 1992–2017 that number increased fourfold to 188.
The interventions after 1991 occurred even while the U.S. had lost the ideological rationale of "countering communism" and while the chance of military operations against it was smaller than before. Moreover many of those interventions were not successful. Other states have found means to counter overwhelming military might.
The unchecked United States felt no necessity to weight potential responses from competitors. It did not show a "decent respect for the opinions of mankind". It proved itself to be a danger to global peace. It intervened because it could, not because there was a real national interest at stake, or even a decent chance of winning. The "unilateral moment" has cost the U.S. a lot of money and goodwill, and it brought little gain.
A rational U.S. strategy would recognize that the unilateral approach failed and thus emphasize other means. Real global cooperation and increasing economic and diplomatic power would likely be more successful than military might. The new National Security Strategy does not offer that. While it says it "will advance American influence" it ignores or rejects climate change and international "rules of the road", like the United Nations Convention on the Law of the Sea (UNCLOS). The Trump administration in putting more resources into the military and less into diplomatic and economic foreign policy measures. It is thereby, true to Trump's campaign stance, isolationist.
One can either have an overwhelming role or finesse one's influence through cooperation with others. The overwhelming role, demonstrated by military interventions, has not been successful. The cooperation approach is spelled out in the words of the NSS but rejected in its specific policies. The third way it is paving is one of isolation.
As a global citizen I welcome this development. A U.S. that again feels limited in its global reach will likely be more careful when it considers initiating new conflicts. It will do less damage to others and to itself.

Posted by b on December 19, 2017 at 06:46 AM | Permalink



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