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12 de dezembro de 2017

O Salário mínimo Francês

O salário mínimo francês (SMIC) e o euro
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"Bien entendu, de nombreux rapports ont été produits depuis ces trente dernières années, qui visaient tous à « démontrer », et l’on mettra ce terme entre parenthèses, que le SMIC avait un effet négatif sur l’emploi. C’est d’ailleurs un poncif, ce que l’on appelle un « pont-aux-ânes » de l’économie néoclassique. On citera ainsi parmi les plus notables un rapport commis par Jean Pisani-Ferry et Gibert Cette en 2000[2]. C’est ce même Gilbert Cette, entouré d’économistes qui sont tous farouchement opposés à la notion de salaire minimum, que l’on retrouve comme auteur du dernier rapport dont on parle tant. Il y a des économistes qui ont de la suite dans les idées, que l’on pourrait même qualifier de serial-rapporteur, même si ces idées sont pour le moins discutables. Le raisonnement est simple : la salaire est un « coût » pour l’entreprise, et cette dernière n’embauchera pas si l’on bloque les salaires à la hausse…En fait, les salaires payés par les entreprises sont aussi la demande à laquelle ces mêmes entreprises répondent. Baisser les salaires, c’est baisser la demande, donc baisser la production. Et la hausse des profits ne profite à l’investissement, et donc à la production future, que sous deux conditions : que l’on soit en économie fermé et que cette production future puisse trouver à son tour un débouché.
Alors, il est vrai que le SMIC français est l’un des plus élevés de la zone Euro. Mais, cela traduit surtout le mécanisme de la zone Euro. On voit bien que si la France avait gardé sa souveraineté monétaire, et si elle avait laissé sa monnaie se déprécier, ce qui aurait dû normalement se passer en particulier face à l’Allemagne depuis les années 2000, le SMIC français serait au niveau de celui de nombre de ses concurrents. Alors, il convient de se poser la question : si l’on parle tant du SMIC, n’est-ce pas une conséquence de l’euro ? On conçoit bien que l’existence même de la « monnaie unique » dans un cadre de libre-échange, entraîne une formidable surenchère à concurrence par la déflation salariale.
On dira, assurément, que si vous augmentez vos salaires de 10% et que vous dépréciez d’autant votre monnaie, les effets s’annulent. En fait, ce n’est pas le cas. Plus de 50% de la consommation des ménages se fait en bien et services qui sont produits en France. La dépréciation de 10% ne porte que sur l’autre part de la consommation, soit un peu moins de 50%. Donc, si l’on accroît le SMIC de 10% et que l’on laisse la monnaie se déprécier de 10%, le pouvoir d’achat n’enregistrera une hausse que de 5%. Les salariés payés au SMIC, et les autres dont les salaires sont en réalité indexés sur le SMIC, voire influencés par le SMIC, verront leur pouvoir d’achat augmenter de 10%-5%=5% !
C’est la possibilité d’user de ce mécanisme que l’on a perdu avec la mise en place de l’Euro. Il convient de toujours s’en souvenir à chaque fois que des « économistes » viendront vous dire que vos salaires sont trop élevés…
Jacques Sapir

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