M. W. : (....)Qui va y passer ?
S&P prévient que toutes les options envisagées jusqu'à maintenant pour sauver le soldat grec (allongement des durées de remboursement ou échanges plus ou moins volontaires d'obligations) seront considérées comme un défaut de paiement. La Zone euro est coincée. Lorsque la Grèce opèrera une restructuration de sa dette (qu'elle soit légère ou dure), le défaut de paiement sera avéré.
Malgré cela, tout baigne dans le beurre, si l'on en croit la dernière note (L'HEBDO CREDIT du lundi 30 mai 2011) de Natixis qui s'est penché sur les cas des CDS Subs des assureurs :
"nous concluons que l'exposition des assureurs à la dette souveraine des pays en difficulté est limitée. Certes, les tensions sur la dette des pays périphériques se répercutent sur les actions et ainsi, indirectement, sur les assureurs les plus exposés aux marchés actions comme Generali, qui en outre souffre de la perspective négative infligée par S&P à la dette souveraine italienne. Ceci ne remet nullement en cause notre confiance..."
Dans la vraie vie, de nombreuses entreprises vont trinquer. En premier lieu les banques grecques qui ne seront plus solvables. Ensuite, ce sera le tour des banques européennes. Au quatrième trimestre 2010, les banques françaises par exemple étaient exposées à la dette grecque à hauteur de 56,7 milliards de dollars, d'après les données de la BRI. Puis la Grèce entraînera dans sa chute l'Irlande et le Portugal. Les CDS (credit default swaps), ces assurances anti-faillite des Etats, se déclencheront normalement en cascades, ce qui finira de laminer la Zone euro.
En outre, comme nous l'apprend le Financial Times, un défaut de la Grèce observé par les agences de notation forcera de nombreux fonds d'investissement à se débarrasser des créances grecques. Beaucoup d'entre eux n'ont en effet tout simplement pas le droit de détenir des obligations d'un pays en défaut.
Avant d'en arriver là, des entreprises commencent déjà à souffrir de la crise du crédit souverain subprime. L'Espagne est à nouveau sous pression. Le géant des télécoms Telefonica a ainsi été contraint d'annuler l'introduction en Bourse d'Atento. Dans le même temps, la banque Santander, elle aussi espagnole, n'a réussi à trouver preneur que pour la moitié de ses dettes lors d'une récente émission obligataire. Alors même que ces entreprises sont particulièrement solides.
La langue de bois n'endort pas les contribuables
"Restructuration", "faillite", "banqueroute", des mots que les politiciens européens ont bannis de leur vocabulaire depuis des mois. Les populations sont néanmoins de moins en moins dupes sur ce qui les attend. Un sondage réalisé par Harris pour le Financial Times publié aujourd'hui montre que les craintes sur les dettes publiques se renforcent. 42% des Britanniques interrogés considèrent que leur pays fera défaut dans les 10 ans. Même chez nos voisins allemands, réputés pour leur maîtrise des déficits budgétaires, 31% des sondés pensent qu'il est probable que leur gouvernement soit incapable de rembourser l'argent emprunté. Des chiffres en hausse par rapport au précédent sondage il y a un an. En France, nous sommes 52% à estimer que l'Etat fera faillite dans les 10 ans.
Un conseil, en matière de gestion d'obligations européennes, suivez la stratégie du fonds souverain finlandais. Si ce dernier affirme avoir une vision positive à long terme de la Zone euro, il a décidé de réduire la part que représentent ses dettes libellées en euro dans son portefeuille. Son objectif : se renforcer sur les marchés émergents.
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