POLITIS
1971–2017,
ci-gît le ps -Aqui jaz um PS
C’est historique. Le Parti socialiste est en passe de disparaître de l’Assemblée nationale, passant de 284 à une vingtaine de députés, dont une majorité de « Macron-compatibles ». E
ci-gît le ps -Aqui jaz um PS
C’est historique. Le Parti socialiste est en passe de disparaître de l’Assemblée nationale, passant de 284 à une vingtaine de députés, dont une majorité de « Macron-compatibles ». E
une France bancale
la Ve République ressemble
parfois au coffre miracledu magicien. Vous y faites
entrer à peine plus de 15 %
des inscrits, etvousen sortez
70 % des sièges à l’Assemblée
nationale. C’est ainsi, c’est
régulier, et c’est incontestable. Et une fois encore, le « miraculé » s’appelle Emmanuel Macron. Après une élection présidentielle
qui devait déjà plus au rejet de son adversaire qu’à l’adhésion à son projet, voilà qu’il
hérite d’une Assemblée introuvable, légale, assurément, mais d’une bien faible légitimité, surtout pour mettre en œuvre la politique qu’il nous annonce. Car le fait marquant de ce premier tour des législatives, c’est évidemment l’abstention. Jamais depuis la naissance
de la République gaullienne, en 1958, les abstentionnistes n’avaient été plus nombreux que les votants.
La France sortie des urnes dimanche n’est
plus que la moitié d’une démocratie.
Un pays bancal qui a perdu en cours de route une partie de ses jeunes et de ses classes populaires. La principale raison de cette abstention réside dans une sorte de fatalisme institutionnel mêlé de lassitude. Plus que jamais, les législatives sont apparues comme une con rmation
assez formelle de la présidentielle. Il y faut ajouter la division de la gauche, qui a incité nombre d’électeurs à ne pas se déplacer pour des batailles qui leur paraissaient perdues d’avance. De ce côté-là, il est vrai, la débâcle est totale. Seule la France insoumise (FI) tire son épingle du jeu. Mais le plus souvent aux dépens de ceux, communistes et socialistes de gauche, qui auraient dû, qui auraient pu, être ses partenaires.
le mouvement de Jean-luc mélenchon,
dont c’était l’objectif à peine caché, a affaibli le PC et éliminé la gauche du PS. Et – last but not least – il sort de cette séquence avec un trésor de guerre non négligeable. Ce qui ne fait pas les affaires de la gauche par rapport aux combats politiques immédiats, mais qui place la FI en position dominante pour le « coup d’après ». Tout étant relatif dans une guerre de lilliputiens. Quant au Parti socialiste, c’était un peu comme le cholestérol. Il y avait le bon et le mauvais. Dimanche, on a détruit le bon
et on a gardé le mauvais. Car, contrairement à ce qui se dit, les députés socialistes ne se sont pas tous volatilisés. Les sociaux-libéraux
régulier, et c’est incontestable. Et une fois encore, le « miraculé » s’appelle Emmanuel Macron. Après une élection présidentielle
qui devait déjà plus au rejet de son adversaire qu’à l’adhésion à son projet, voilà qu’il
hérite d’une Assemblée introuvable, légale, assurément, mais d’une bien faible légitimité, surtout pour mettre en œuvre la politique qu’il nous annonce. Car le fait marquant de ce premier tour des législatives, c’est évidemment l’abstention. Jamais depuis la naissance
de la République gaullienne, en 1958, les abstentionnistes n’avaient été plus nombreux que les votants.
La France sortie des urnes dimanche n’est
plus que la moitié d’une démocratie.
Un pays bancal qui a perdu en cours de route une partie de ses jeunes et de ses classes populaires. La principale raison de cette abstention réside dans une sorte de fatalisme institutionnel mêlé de lassitude. Plus que jamais, les législatives sont apparues comme une con rmation
assez formelle de la présidentielle. Il y faut ajouter la division de la gauche, qui a incité nombre d’électeurs à ne pas se déplacer pour des batailles qui leur paraissaient perdues d’avance. De ce côté-là, il est vrai, la débâcle est totale. Seule la France insoumise (FI) tire son épingle du jeu. Mais le plus souvent aux dépens de ceux, communistes et socialistes de gauche, qui auraient dû, qui auraient pu, être ses partenaires.
le mouvement de Jean-luc mélenchon,
dont c’était l’objectif à peine caché, a affaibli le PC et éliminé la gauche du PS. Et – last but not least – il sort de cette séquence avec un trésor de guerre non négligeable. Ce qui ne fait pas les affaires de la gauche par rapport aux combats politiques immédiats, mais qui place la FI en position dominante pour le « coup d’après ». Tout étant relatif dans une guerre de lilliputiens. Quant au Parti socialiste, c’était un peu comme le cholestérol. Il y avait le bon et le mauvais. Dimanche, on a détruit le bon
et on a gardé le mauvais. Car, contrairement à ce qui se dit, les députés socialistes ne se sont pas tous volatilisés. Les sociaux-libéraux
– qui n’avaient d’ailleurs de « sociaux »
que le nom – sont toujours là ; ils n’ont pas
« dégagé », ils ont juste changé de casquette. Et ils triomphent.
Les autres, ceux qui avaient dit non à la loi
El Khomri et au 49-3, et qui s’apprêtaient à dire non aux ordonnances, ont été balayés. Peu de frondeurs ont surnagé dans la vague macroniste. Pas même Benoît Hamon.
Les opposants à la ligne Hollande sont, paradoxalement, ceux qui ont payé le prix fort du quinquennat. C’est sans doute aussi leur faute. Ils n’ont pas su se libérer assez tôt du label infâmant. Ils ont cru pouvoir faire dans la nuance et trouver quand même quelques
Seule la France insoumise tire son épingle du jeu. Mais le plus souvent aux dépens de ceux, communistes et socialistes de gauche, qui auraient dû, qui auraient pu, être ses partenaires.
vertus cachées à ces années maudites, mais les électeurs, eux, n’ont pas fait le détail.
À la n, c’est donc la « ligne Valls » qui l’emporte. Souvenons-nous qu’en 2011 – et en 2008 déjà ! – le candidat à la primaire de la gauche (« Monsieur 5 % ») avait souhaité la disparition du Parti socialiste. « Socialisme » était devenu dans sa bouche un gros mot. Aujourd’hui, c’est presque chose faite.
divine mais tardive surprise, Jean-Luc Mélenchon appelle à voter au second tour pour les députés PS « qui ont signé la motion de censure » contre le gouvernement Valls
et la loi travail. Ce que nous appelions de nos vœux depuis le début de cette longue
que le nom – sont toujours là ; ils n’ont pas
« dégagé », ils ont juste changé de casquette. Et ils triomphent.
Les autres, ceux qui avaient dit non à la loi
El Khomri et au 49-3, et qui s’apprêtaient à dire non aux ordonnances, ont été balayés. Peu de frondeurs ont surnagé dans la vague macroniste. Pas même Benoît Hamon.
Les opposants à la ligne Hollande sont, paradoxalement, ceux qui ont payé le prix fort du quinquennat. C’est sans doute aussi leur faute. Ils n’ont pas su se libérer assez tôt du label infâmant. Ils ont cru pouvoir faire dans la nuance et trouver quand même quelques
Seule la France insoumise tire son épingle du jeu. Mais le plus souvent aux dépens de ceux, communistes et socialistes de gauche, qui auraient dû, qui auraient pu, être ses partenaires.
vertus cachées à ces années maudites, mais les électeurs, eux, n’ont pas fait le détail.
À la n, c’est donc la « ligne Valls » qui l’emporte. Souvenons-nous qu’en 2011 – et en 2008 déjà ! – le candidat à la primaire de la gauche (« Monsieur 5 % ») avait souhaité la disparition du Parti socialiste. « Socialisme » était devenu dans sa bouche un gros mot. Aujourd’hui, c’est presque chose faite.
divine mais tardive surprise, Jean-Luc Mélenchon appelle à voter au second tour pour les députés PS « qui ont signé la motion de censure » contre le gouvernement Valls
et la loi travail. Ce que nous appelions de nos vœux depuis le début de cette longue
séquence. Il est vrai qu’ils ne sont plus que
quatre rescapés, et tous dans une situation
quasi désespérée. De même, Benoît Hamon
a appelé à voter pour Farida Amrani, la candidate de France insoumise opposée à Manuel Valls dans l’Essonne. C’est la moindre des choses. Pro tons-en pour redire ici qu’il faut aller voter dimanche. Plusieurs candidats du PCF ou de la France insoumise ont leurs chances, notamment à Sevran, à Montreuil,
à Saint-Ouen, au Blanc-Mesnil, dans le XIXe arrondissement de Paris, à Amiens et, bien sûr, à Marseille. J’en oublie sûrement (paranoïaques, s’abstenir !).
le poète de la semaine devrait être
l’illustre Antoine Houdar de La Motte (1672-1731), auteur méconnu d’une phrase célèbre : « De l’uniformité naquit l’ennui. » Mais, en politique, il y a pire que l’ennui. De l’uniformité de cette assemblée naît quelque chose qui nous éloigne dangereusement
de la démocratie. Avec une majorité pléthorique, le tandem Macron-Philippe se croira tout permis. À preuve : nous avions déjà la promesse d’un gouvernement par ordonnances, nous avons maintenant la perspective d’une loi liberticide (1). Un avant- projet qui prévoit tout simplement d’intégrer l’état d’urgence dans la loi commune. En l’aggravant de surcroît de lourdes menaces sur la liberté de manifester. Dans un rapport de force politique aussi déséquilibré, on sent que le mouvement social va avoir de quoi s’occuper.
(1) Voir la tribune de Laurence Blisson (p. 13), et l’analyse de François Gèze sur son blog de Mediapart.
a appelé à voter pour Farida Amrani, la candidate de France insoumise opposée à Manuel Valls dans l’Essonne. C’est la moindre des choses. Pro tons-en pour redire ici qu’il faut aller voter dimanche. Plusieurs candidats du PCF ou de la France insoumise ont leurs chances, notamment à Sevran, à Montreuil,
à Saint-Ouen, au Blanc-Mesnil, dans le XIXe arrondissement de Paris, à Amiens et, bien sûr, à Marseille. J’en oublie sûrement (paranoïaques, s’abstenir !).
le poète de la semaine devrait être
l’illustre Antoine Houdar de La Motte (1672-1731), auteur méconnu d’une phrase célèbre : « De l’uniformité naquit l’ennui. » Mais, en politique, il y a pire que l’ennui. De l’uniformité de cette assemblée naît quelque chose qui nous éloigne dangereusement
de la démocratie. Avec une majorité pléthorique, le tandem Macron-Philippe se croira tout permis. À preuve : nous avions déjà la promesse d’un gouvernement par ordonnances, nous avons maintenant la perspective d’une loi liberticide (1). Un avant- projet qui prévoit tout simplement d’intégrer l’état d’urgence dans la loi commune. En l’aggravant de surcroît de lourdes menaces sur la liberté de manifester. Dans un rapport de force politique aussi déséquilibré, on sent que le mouvement social va avoir de quoi s’occuper.
(1) Voir la tribune de Laurence Blisson (p. 13), et l’analyse de François Gèze sur son blog de Mediapart.
1971–2017,
ci-gît le ps
C’est historique. Le Parti socialiste est en passe de disparaître de l’Assemblée nationale, passant de 284 à une vingtaine de députés, dont une majorité de « Macron-compatibles ».
ci-gît le ps
C’est historique. Le Parti socialiste est en passe de disparaître de l’Assemblée nationale, passant de 284 à une vingtaine de députés, dont une majorité de « Macron-compatibles ».
z Nadia
Sweeny
l
a boucle est bouclée. Entre le 11 et
le 13 juin 1971, le Parti socialiste
se refondait au congrès d’Épinay,
enterrant la SFIO vieillissante sur
une nouvelle union des courants
sur 577, soit moins de 10 %... quasiment
tous en ballottage défavorable », se désole la
porte-parole Christine Revault d’Allonnes-
Bonnefoy. La question du nancement est
brûlante : on parle déjà de licenciements
« économiques » au siège du parti. Alors,
pour tenter de sauver les meubles, on conti-
nue la politique du ou : personne n’est en
mesure de préciser comment la direction
peut soutenir à la fois les socialistes posi-
tionnés sur une ligne d’opposition et ceux
qui se présentent avec l’étiquette « majorité
présidentielle ». Il y a bien eu des tentatives
de recadrage, mais « on ne va pas ajou-
ter de la division à la division », explique
Rachid Temal, membre du bureau national.
Myriam El Khomri – présente au second
tour – peut donc revendiquer à la fois son
appartenance au PS et le « soutien of ciel »
d’Emmanuel Macron. Tandis que, sous la même étiquette PS, Benoît Hamon appelle à voter Farida Amrani, can- didate de la France insou- mise, face à Manuel Valls dans l’Essonne. « Tout est clair », af rme encore Sol- férino. « Non, il n’y a pas de distinction et cet effet de brouillage a été rédhibitoire pour les électeurs », déplore Guillaume Balas, député
européen PS, bras droit de Benoît Hamon pendant la campagne présidentielle.
« N’y a-t-il pas de grand écart entre Bayrou et Castaner ? Je ne crois pas aux gauches irréconciliables : la gauche a tou- jours été plurielle », se défend Rachid Temal, qui veut se concentrer sur le « soutien aux derniers candidats, dont deux sont dans le Val-d’Oise », là où il est secrétaire fédéral. Rachid Temal tente d’ailleurs des tractations locales pour rassembler la gauche derrière ses candidats, promettant une « réciprocité ». Mais on voit mal la FI ou le Parti communiste se lancer à corps perdu dans la campagne de Philippe Doucet, proche de Manuel Valls. De même que, dans la circonscription voisine, le « Macron compatible » François Pupponi caracole en première place – opposé à Samy
d’Emmanuel Macron. Tandis que, sous la même étiquette PS, Benoît Hamon appelle à voter Farida Amrani, can- didate de la France insou- mise, face à Manuel Valls dans l’Essonne. « Tout est clair », af rme encore Sol- férino. « Non, il n’y a pas de distinction et cet effet de brouillage a été rédhibitoire pour les électeurs », déplore Guillaume Balas, député
européen PS, bras droit de Benoît Hamon pendant la campagne présidentielle.
« N’y a-t-il pas de grand écart entre Bayrou et Castaner ? Je ne crois pas aux gauches irréconciliables : la gauche a tou- jours été plurielle », se défend Rachid Temal, qui veut se concentrer sur le « soutien aux derniers candidats, dont deux sont dans le Val-d’Oise », là où il est secrétaire fédéral. Rachid Temal tente d’ailleurs des tractations locales pour rassembler la gauche derrière ses candidats, promettant une « réciprocité ». Mais on voit mal la FI ou le Parti communiste se lancer à corps perdu dans la campagne de Philippe Doucet, proche de Manuel Valls. De même que, dans la circonscription voisine, le « Macron compatible » François Pupponi caracole en première place – opposé à Samy
l'évéNEMENT
de la gauche. Quarante-six ans plus tard,
le parti de la rose au poing est noyé sous la
vague macronienne. De par sa faute. Et il
pourrait bien cette fois ne pas se relever de
la crise qui le minait depuis plusieurs années.
Une partie de lui-même s’est encanaillée dans
les bras d’un libéralisme élitiste quand une
autre partie restait attachée à un socialisme
traditionnel. Le tiraillement est devenu
déchirure. Mais si la débâcle était prévisible,
personne ne s’attendait à un tel re ux. Le
PS éclaté ne réunira qu’une poignée de dépu-
tés : de 15 à 25 sièges, selon les estimations
– regroupant EELV, PRG et autres divers
gauche – un score jamais
atteint. Le « dégagisme » a
fait ses premières victimes : Jean-Christophe Camba-
délis, Élisabeth Guigou,
Christophe Borgel, Erwann
Binet, Malek Boutih, Michel
Destot... balayés. Les bas-
tions historiques tombent un
à un. En Bretagne, « terre de
missions » mitterrandienne,
le raz-de-marée macroniste
a eu raison de la gauche
socialiste. Mais c’est dans les Bouches-du- Rhône et dans le Nord que la défaite est la plus cuisante. Les puissantes fédérations des « bouches du Nord », dont l’alliance avait permis la refondation d’Épinay, et qui ont longtemps pesé jusqu’à 40 % des mandats dans les congrès, sont perdues. On n’y trouve plus un socialiste au second tour. Sur les terres ouvrières du Nord-Pas-de-Calais, le PS a perdu ses 18 sièges. Même le ef de Pierre Mauroy, dans la 1re circonscription, est livré à l’affrontement entre La République en marche (LREM) et la France insoumise (FI). Comme si le PS n’existait plus, politi- quement, idéologiquement. Privé d’espace.
Ce lundi 12 juin, rue de Solférino, le bureau national évalue l’urgence : « Soutenir au mieux les 60 candidats qui nous restent
atteint. Le « dégagisme » a
fait ses premières victimes : Jean-Christophe Camba-
délis, Élisabeth Guigou,
Christophe Borgel, Erwann
Binet, Malek Boutih, Michel
Destot... balayés. Les bas-
tions historiques tombent un
à un. En Bretagne, « terre de
missions » mitterrandienne,
le raz-de-marée macroniste
a eu raison de la gauche
socialiste. Mais c’est dans les Bouches-du- Rhône et dans le Nord que la défaite est la plus cuisante. Les puissantes fédérations des « bouches du Nord », dont l’alliance avait permis la refondation d’Épinay, et qui ont longtemps pesé jusqu’à 40 % des mandats dans les congrès, sont perdues. On n’y trouve plus un socialiste au second tour. Sur les terres ouvrières du Nord-Pas-de-Calais, le PS a perdu ses 18 sièges. Même le ef de Pierre Mauroy, dans la 1re circonscription, est livré à l’affrontement entre La République en marche (LREM) et la France insoumise (FI). Comme si le PS n’existait plus, politi- quement, idéologiquement. Privé d’espace.
Ce lundi 12 juin, rue de Solférino, le bureau national évalue l’urgence : « Soutenir au mieux les 60 candidats qui nous restent
« Nous payons
le prix de notre
échec à faire
infléchir la
politique du
quinquennat »
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