Il n’y a pas de quoi être fier, au sommet de Bruxelles
Francois L.
Ne manquant jamais une occasion de critiquer nos élites, les mauvais esprits ont dû s’incliner ce petit matin. « La coopération européenne l’a emporté » a cru pouvoir fièrement déclarer Emmanuel Macron, exprimant le soulagement de tous ceux qui ne savaient pas, en entrant en réunion la veille, comment ils allaient en sortir !
Si le sujet s’y prêtait, cela pourrait rappeler les négociations homériques de l’Europe en construction, où pas une négociation en bonne et due forme ne pouvait se conclure avant le petit matin. Mais nous sommes désormais dans une phase de destruction et les compromis sont désormais faits du pire pour l’essentiel, et de bouts de ficelle pour le reste.
Ce compromis repose sur le renforcement de la police des frontières extérieures Frontex. Mais il se garde bien de chiffrer l’effort financier que cela représente. Quant aux frontières intérieures de Schengen – la lutte contre les « mouvements migratoires secondaires » – les États pourront « prendre toutes les mesures législatives et administratives internes nécessaires pour contrer de tels mouvements et coopérer étroitement entre eux à cette fin ». Voilà qui sent bon la fermeture sélective des frontières aux réfugiés afin de satisfaire la CSU et de protéger Angela Merkel. À charge pour elle de négocier avec le Premier ministre italien Giuseppe Conte la reprise des refoulés. L’histoire n’est pas finie.
Une fois les cadenas posés, il y en a pour tout le monde, le gouvernement italien appréciant particulièrement le renforcement de l’aide aux garde-côtes libyens et l’appel à « tous les navires qui opèrent dans la Méditerranée à respecter les lois applicables et ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens ». En d’autres termes à obéir au centre de coordination des sauvetages désormais sous contrôle libyen, les injonctions de celui-ci l’emportant si l’on comprend bien sur le droit maritime. Quoi de mieux, en effet, que de bloquer l’exode dès son départ ?
Des camps de réfugiés sont prévus, qualifiés par de délicats euphémismes de « plate-formes de débarquement » et de « centres contrôlés » selon leur localisation. Les réfugiés sauvés en mer seront dorénavant débarqués dans des « plate-formes de débarquement » hors de l’Union européenne, où la sélection des bénéficiaires de l’asile selon des critères restrictifs sera opérée, mais il faudra attendre que des pays candidats à leur accueil se manifestent. En attendant, la Libye fera l’affaire par défaut, le Maroc et l’Albanie ayant par avance refusé de les accueillir !
Si les réfugiés parviennent jusqu’aux eaux européennes – tout sera fait pour l’empêcher – ils seront dirigés vers d’autres hypothétiques « centres » implantés sur le territoire de l’Union. Initialement qualifiés de « fermés », ceux-ci seront « contrôlés », la différence ne sautant pas aux yeux dans la pratique. Mais il reste à nouveau à trouver des pays d’accueil.
Le règlement de Dublin n’est pas aboli, qui impose l’enregistrement des réfugiés dans leur pays d’arrivée avec le risque de les conserver, situation bien connue de la Grèce et de l’Italie. Mais nos édiles ont réponse à tout : « un consensus doit être trouvé sur le Règlement de Dublin pour qu’il soit réformé sur la base d’un équilibre entre responsabilité et solidarité ». La prudence étant de rigueur, la réforme enlisée depuis deux ans, aucun calendrier n’a donc été fixé.
À l’exception des mesures de fermeture des frontières externes et des libertés accordées pour les internes, l’ensemble des dispositions baigne dans un grand flou qu’il va falloir dissiper. Mais l’essentiel est atteint : pour barrer la route de la Méditerranée, la Libye en pleine guerre civile reste le meilleur point d’appui, la voie espagnole au départ du Maroc restant ouverte pour l’instant.
Ne manquant jamais une occasion de critiquer nos élites, les mauvais esprits ont dû s’incliner ce petit matin. « La coopération européenne l’a emporté » a cru pouvoir fièrement déclarer Emmanuel Macron, exprimant le soulagement de tous ceux qui ne savaient pas, en entrant en réunion la veille, comment ils allaient en sortir !
Si le sujet s’y prêtait, cela pourrait rappeler les négociations homériques de l’Europe en construction, où pas une négociation en bonne et due forme ne pouvait se conclure avant le petit matin. Mais nous sommes désormais dans une phase de destruction et les compromis sont désormais faits du pire pour l’essentiel, et de bouts de ficelle pour le reste.
Ce compromis repose sur le renforcement de la police des frontières extérieures Frontex. Mais il se garde bien de chiffrer l’effort financier que cela représente. Quant aux frontières intérieures de Schengen – la lutte contre les « mouvements migratoires secondaires » – les États pourront « prendre toutes les mesures législatives et administratives internes nécessaires pour contrer de tels mouvements et coopérer étroitement entre eux à cette fin ». Voilà qui sent bon la fermeture sélective des frontières aux réfugiés afin de satisfaire la CSU et de protéger Angela Merkel. À charge pour elle de négocier avec le Premier ministre italien Giuseppe Conte la reprise des refoulés. L’histoire n’est pas finie.
Une fois les cadenas posés, il y en a pour tout le monde, le gouvernement italien appréciant particulièrement le renforcement de l’aide aux garde-côtes libyens et l’appel à « tous les navires qui opèrent dans la Méditerranée à respecter les lois applicables et ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens ». En d’autres termes à obéir au centre de coordination des sauvetages désormais sous contrôle libyen, les injonctions de celui-ci l’emportant si l’on comprend bien sur le droit maritime. Quoi de mieux, en effet, que de bloquer l’exode dès son départ ?
Des camps de réfugiés sont prévus, qualifiés par de délicats euphémismes de « plate-formes de débarquement » et de « centres contrôlés » selon leur localisation. Les réfugiés sauvés en mer seront dorénavant débarqués dans des « plate-formes de débarquement » hors de l’Union européenne, où la sélection des bénéficiaires de l’asile selon des critères restrictifs sera opérée, mais il faudra attendre que des pays candidats à leur accueil se manifestent. En attendant, la Libye fera l’affaire par défaut, le Maroc et l’Albanie ayant par avance refusé de les accueillir !
Si les réfugiés parviennent jusqu’aux eaux européennes – tout sera fait pour l’empêcher – ils seront dirigés vers d’autres hypothétiques « centres » implantés sur le territoire de l’Union. Initialement qualifiés de « fermés », ceux-ci seront « contrôlés », la différence ne sautant pas aux yeux dans la pratique. Mais il reste à nouveau à trouver des pays d’accueil.
Le règlement de Dublin n’est pas aboli, qui impose l’enregistrement des réfugiés dans leur pays d’arrivée avec le risque de les conserver, situation bien connue de la Grèce et de l’Italie. Mais nos édiles ont réponse à tout : « un consensus doit être trouvé sur le Règlement de Dublin pour qu’il soit réformé sur la base d’un équilibre entre responsabilité et solidarité ». La prudence étant de rigueur, la réforme enlisée depuis deux ans, aucun calendrier n’a donc été fixé.
À l’exception des mesures de fermeture des frontières externes et des libertés accordées pour les internes, l’ensemble des dispositions baigne dans un grand flou qu’il va falloir dissiper. Mais l’essentiel est atteint : pour barrer la route de la Méditerranée, la Libye en pleine guerre civile reste le meilleur point d’appui, la voie espagnole au départ du Maroc restant ouverte pour l’instant.
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