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7 de julho de 2011

Sem crescimento não há solução

Sans croissance, pas de salut pour la Grèce

Il est bizarre d'observer que l'Union européenne et le FMI passent beaucoup de temps à mettre en place un programme de soutien financier aux pays en difficulté de la zone euro, mais réfléchissent peu aux conditions du maintien d'une croissance suffisante dans ces pays. Or, sans croissance, ceux-ci ne pourront pas rééquilibrer leurs finances publiques.
Que faire, dès lors, pour rétablir la solvabilité de l'Espagne, de la Grèce ou du Portug al ? On sait que la solvabilité n'est pas une notion précise : un pays peut toujours être solvable, en ce qui concerne sa dette publique, s'il accepte une très forte baisse de ses dépenses publiques et une très forte hausse de sa pression fiscale, c'est-à-dire s'il accepte un excédent budgétaire primaire très élevé. Le problème est donc politique et social : quel effort budgétaire peut être collectivement accepté ? A partir de quel moment un excédent budgétaire primaire implique-t-il de renoncer à des dépenses publiques indispensables (infrastructures, éducation) ou d'accroître la pression fiscale à un niveau qui tue la demande et les incitations à investir ?
Ces interrogations résument assez bien le problème auquel sont confrontés les pays périphériques de la zone euro : s'ils ont un taux d'endettement public élevé, s'ils sont soumis à des taux d'intérêt élevés sur les marchés financiers et s'ils ont une croissance faible, l 'excédent budgétaire primaire qu'ils devraient mettre en place est hors d'atteinte, et le défaut (la restructuration de la dette avec perte pour les prêteurs) sera finalement la seule solution. Prenons l'exemple de la Grèce : compte tenu de son niveau d'endettement (160 % du PIB), des taux d'intérêt qui en découlent et de son entrée en récession, l'excédent primaire nécessaire serait de 30,4 % du PIB ! Il faudrait par exemple une pression fiscale de 40 % du PIB et des dépenses publiques (hors intérêts sur la dette) de 10 % du PIB. Or, dans les épisodes de correction budgétaire les plus sévères (Canada, Suède, Finlande, Italie, Danemark..., dans les années 1990, Brésil dans les années 2000), on a vu des excédents budgétaires primaires de 3 ou 4 points de PIB, jamais plus.
Le plus urgent dans le cas de la Grèce était donc de lui permettre d'obtenir des financements à des taux d'intérêt beaucoup plus bas que les taux d'intérêt d e marché. C'est chose faite, avec deux tranches de prêts de l'Europe et du FMI. Le problème du coût du financement a été résolu.
Mais pas celui de la croissance, l'oubliée du plan de soutien. Que se passe-t-il en Grèce ? La politique budgétaire est si restrictive que l'emploi recule (de 5 % en un an) ; la hausse du chômage fait baisser le pouvoir d'achat des salaires par tête (de 4 % en un an) : le pouvoir d'achat de l'ensemble des salaires versés a reculé de 9 % en un an : l'économie grecque est entraînée dans une spirale dépressive qui l'empêche d'améliorer ses finances publiques, faute de croissance. Le même destin guette, à un moindre degré de gravité, l'Espagne : dette publique de 70 % du PIB, taux d'intérêt, sur les marchés financiers, supérieurs à 5 % ; croissance nominale ne dépassant pas 2 %... Dans son cas aussi, l'excédent budgétaire primaire nécessaire (2,5 points de PIB) devient très élevé. La faiblesse de la cro issance vient aussi, en Espagne, du recul des salaires : le pouvoir d'achat du salaire par tête y a baissé de 4 % en un an.
Alors que faire ? On vient de le voir, aider un pays à se financer à des taux d'intérêt faibles ne sert à rien si la faiblesse de la croissance lui interdit de stabiliser son taux d'endettement public et de redevenir solvable. Il faudrait donc, d'abord dans une optique de court terme, éviter que la réduction du déficit public demandée au pays soit si brutale que la croissance s'effondre ; il serait bien plus intelligent de demander aux Grecs de ramener leur déficit public à 3 % du PIB en 2020, et non en 2013 ou 2014. L'ordre efficace serait d'abord le retour à la croissance, puis la réduction du déficit public. Ensuite, dans une logique de long terme, il faut éviter de détruire le potentiel de croissance du pays : si le taux d'investissement chute, la productivité ralentit ; si le chômage est durablement élevé, le capital humain est entamé et la croissance potentielle diminue : ces deux évolutions s'observent malheureusement aujourd'hui en Grèce et en Espagne. La préservation de la croissance, dans un pays qui a un déficit public important à corriger, est essentielle.

Sans croissance, pas de salut pour la Grèce Patrick Artus est directeur de la recherche et des études de Natixis. La chronique du Cercle des économistes reprendra jeudi 1er septembre.

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