Hipócritas quando não são ignorantes
Hypocrites quand ils ne sont pas ignorants
Ne serait-il pas temps que les dirigeants politiques européens apprennent comment fonctionne le système économique qu’ils croient défendre ? Rivés à leurs pauvres préceptes, ils multiplient les obstacles à sa rédemption alors qu’ils feraient mieux de regarder ce qui se passe outre-Atlantique.
La Fed n’a pas les petits soucis que rencontre la BCE et s’est résolument engagée dans le soutien au crédit sous tous ses aspects. Elle a mis en place un large éventail de 11 programmes d’achat de dettes que le Financial Times appelle « une soupe d’alphabet d’acronymes ». N’étant pas soumise aux injonctions de juges sévères et de doctrinaires intransigeants, tout à son pragmatisme, la Fed est parfaitement crédible en reprenant à son compte le désormais fameux « what ever it takes » de Mario Draghi quand il a eu les coudées franches.
Les investisseurs américains y sont sensibles et contribuent à calmer le jeu, sachant d’expérience que l’on ne se bat pas contre la Fed. Certes, celle-ci ne peut pas en raison de son statut encaisser des pertes, ce qui pourrait arriver vu qu’elle achète des titres de plus en plus susceptibles d’en être porteurs, mais le Trésor américain a déjà fait savoir qu’il était prêt à assumer ces pertes, ce qui l’en déchargerait. Qui dit mieux ?
L’endettement américain, public mais tout autant des entreprises, des collectivités locales et des particuliers, atteint des dimensions incommensurables, les activités économiques les plus variées reposant plus que jamais aux États-Unis sur lui, par construction. L’édifice repose sur le dollar, qui reste inégalé dans les échanges internationaux, mais qui est la clé de voute du système financier, la garantie vedette des transactions en son sein. Son effondrement est littéralement impensable et la Fed en est le référent.
La puissance financière d’origine américaine n’a pas d’équivalent. Et la faiblesse de la monnaie américaine fait sa force. Cela doit cependant avoir une fin, mais elle est sans cesse repoussée à plus tard en raison de l’enjeu. Aujourd’hui, le but de la confrontation sino-américaine qui rebondit n’a pas d’autre raison d’être, car perdre sa place de leader serait pour les États-Unis le commencement de cette fin.
Par comparaison, l’Union européenne est bien mal lotie malgré sa puissance économique, à ce point que son démantèlement est une hypothèse qui revient dans l’actualité. La crise en cours est « asymétrique », touchant plus particulièrement les pays les plus faibles de la région, et les gouvernements les mieux dotés ont tendance à défendre leur pré carré, engoncés dans une vision néolibérale de l’économie en décalage flagrant avec les exigences de la situation.
À court terme, il ne peut être fait l’économie des soins palliatifs prodigués par les banques centrales, cette condition nécessaire mais pas suffisante de « la relance ». Dans l’immédiat, les autorités vont être jugées sur leur capacité à préserver le « bouclier social ». Encore un arbitrage dont elles ne vont pas pouvoir faire l’économie. Le rétablissement de l’impôt sur la fortune suscitant par avance un haut le cœur, il est avancé l’idée d’une « contribution des plus aisés » à qui il serait ainsi accordé le beau rôle de la solidarité à peu de frais.
Dernières nouvelles : Que va-t-il rester du mirifique plan de la Commission une fois passé à la moulinette ? Le détail des montants annoncés fait en premier lieu apparaître que des prêts sont travestis en subventions pour un montant de 100 milliards d’euros. Il n’en reste donc plus que 400 milliards, avant participation des États au remboursement que la Commission devra opérer.
Le net par pays sera encore diminué s’il se confirme que les pays non membres de la zone euro, comme la Suède, considèrent ne pas être impliqués par ce plan n’en étant pas membres. Il n’est pas non plus exclu que l’Autriche et les Pays-Bas, qui en sont membres, bénéficient d’une sorte de rabais pour leur participation à ce même remboursement.
Les besoins augmentent, le plan se rétrécit.
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