Depuis le début des années 2000, le montant des réserves de change mondiales a explosé. Une tendance notamment renforcée par l’entrée du yuan chinois au sein des monnaies de réserve du FMI en 2015. Aujourd’hui, la Chine détient le tiers des réserves de change mondiales.
La prise d’importance de l’Asie depuis 2001
Les réserves de change mondiales ont été multipliées par huit en vingt ans, passant de 1630 milliards de dollars en janvier 2001 à 12 900 milliards de dollars en août 2021. La répartition de la détention de ces réserves a beaucoup évolué sur cette période. Notamment en raison de la crise asiatique de la fin des années 1990.
En effet, à partir de 1997, les pays d’Asie du Sud-Est connaissent une crise de balance des paiements et de change. Dans les années 1990, les capitaux spéculatifs étaient attirés par des perspectives de profits spectaculaires dans cette région du monde. Au cours de l’été 1997, la crise monétaire et financière éclate en Thaïlande. La monnaie thaïlandaise, rattachée au dollar, fait l’objet d’une surévaluation du fait de l’inflation. Les exportations chutent, la spéculation contre le baht thaïlandais commence et les capitaux sont retirés du pays : la monnaie perd rapidement 45 % de sa valeur par rapport au dollar.
Après le baht, le peso philippin est dévalué et son rattachement au dollar est abandonné, la Malaisie, l’Indonésie et la Corée du Sud sont à leur tour pris dans la logique de la dévaluation de leur monnaie. Cela met fin à une période d’expansion de presque dix ans : de 1987 à 1996, le taux de croissance moyen annuel de cette région du monde était, selon la Banque mondiale, de 9,2 %. Après 1997, les faillites, les licenciements, et les plans coûteux de renflouement du secteur bancaire se multiplient.
es politiques d’aide alors mises en place par le Fonds monétaire international (FMI) sont jugées inadaptées. En décembre 1997, les dix pays membres de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), la Chine, la Corée du Sud et le Japon s’entendent donc pour se coordonner dans le domaine monétaire et financier, afin d’établir une certaine stabilité.
Ils décident ainsi d’amasser des réserves de change, afin de cesser d’avoir des déficits en compte courant et ainsi se prémunir contre ce type de crises. Cela marque un tournant dans la structure des réserves de change mondiales : ces pays, autrefois débiteurs, deviennent les créanciers du monde.
En effet, alors qu’en 2001, la zone euro détient 370 milliards de dollars — soit plus que le Japon (360 milliards) et la Chine (280 milliards) — et que la moitié des réserves sont détenues par le reste du monde (620 milliards), ce rapport a complètement changé vingt ans plus tard. En août 2021, la zone euro ne représente plus que 10 % des réserves de change mondiales (1060 milliards), tandis que le Japon et la Chine en détiennent respectivement 11 % (1450 milliards) et 26 % (3600 milliards).
Le reste du monde détient désormais 47 % des réserves de change mondiales (6100 milliards), notamment massivement détenues par des pays asiatiques touchés par la crise de 1997 comme Singapour, Hong Kong, la Thaïlande, la Corée du Sud ou l’Indonésie.
La Chine désormais incontournable
Avec son intégration dans l’économie mondiale — symbolisée par son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2001, puis par l’entrée du yuan comme l’une des monnaies de réserve du FMI en 2015 — la Chine est devenue le pays détenant les plus grandes réserves de change du monde.
De 1999 à juin 2014, les réserves de devises chinoises ont augmenté sans discontinuer, atteignant près de 4300 milliards de dollars en juin 2014, soit 36 % des réserves mondiales. Cette augmentation des réserves de devises reflète l’ampleur de l’excédent commercial chinois sur cette période, notamment vis-à-vis des États-Unis, dont elle détient 1100 milliards de dollars de bons du Trésor en 2019.
On remarque, à partir de 2014, un fléchissement du montant des réserves de change détenues par la Chine. Conjointement à l’entrée du yuan comme monnaies de réserve du FMI en 2015, les réserves de change chinoises se contractent chaque mois entre juillet 2014 à février 2017, avec un pic à -121 milliards de dollars en janvier 2016. Cette chute est due au ralentissement de la croissance chinoise, qui atteint son plus bas niveau depuis le début des années 1990, et incite les investisseurs à placer leur argent hors de Chine.
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