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28 de março de 2018

Um documento grotesco

Le 27 mars, le quotidien russe Kommersant a publié un document rédigé par le gouvernement britannique. Il a, selon ce journal, été distribué aux représentants d’ambassades étrangères lors d’un briefing à l’ambassade britannique à Moscou le 22 mars. On restera évidemment prudent à ce stade.
Dans ce document, distribué sous forme imprimée à 80 diplomates de haut rang, les représentants officiels de Londres ont décrit leur vision de « l’affaire Skripal », et c’est cette présentation, selon l’ambassadeur américain en Russie John Huntsman, qui a poussé les alliés des Britanniques à expulser des diplomates russes.
Fondamentalement, la présentation reprend les thèses de Londres, qui ont déjà été énoncées, mais avec une modification importante : la Russie est passée de la catégorie “coupable avec un haut degré de probabilité” d’empoisonnement du transfuge à la catégorie “coupable sans le moindre doute”.
Voici donc les 5 diapositives (slides) de cette présentation (en pdf ici), que nous allons brièvement analyser – nous vous laissons vous faire votre propre opinion :

Slide 1 : Chronologie des événements 
“12 mars : Le Première Ministre a publiquement identifié la substance utilisée comme étant un agent neurotoxique Novitchok. Il a été demandé des explications à l’ambassadeur russe.
13 mars : Le délai accordé a expiré à minuit. Aucune explication n’a été reçue [de la Russie]. […]
19 mars : les enquêteurs de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques arrivent au Royaume-Uni
20 mars : 23 espions russes sont expulsés”
N.B. : est présenté un plan de Salisbury avec les endroits fréquenté par Sergeï Skirpal le jour de l’attaque. Mais, à ce jour, il semble que nous soyons toujours en attente de l’explication publique des modalités de son empoisonnement (après un scénario passant la valise de la fille empoisonnée à Moscou, la presse a évoqué la ventilation de sa voiture)
EDIT : nouvelle hypothèse, on apprend ce soir (24 jours après l’empoisonnement) que le poison aurait peut-être été posé sur sa porte – ce qui semble toujours aussi délirant tant en termes de dangerosité du mode opératoire que pour le fait qu’il n’ait pas été retrouvé à proximité immédiate de cette porte, vu la violence supposée du poison… À suivre.
On rappellera au journaliste qu’à ce jour, il n’est pas mort…
Slide 2 : Une nouvelle phase de l’agression par la Russie 
  • Un agent neurotoxique de niveau militaire Novitchok a été positivement identifié par les experts du laboratoire DSTL de Porton Down
  • Novitchok est un groupe d’agents développés uniquement par la Russie et non déclarés au CWC
  • C’est une violation de l’interdiction d’utilisation des armes chimiques
  • Première attaque par une agent neurotoxique ne Europe depuis le Seconde guerre mondiale
  • Nous considérons sans le moindre doute que la Russie est responsable. Aucun pays autre que la Russie n’a à la fois la capacité, la détermination et la motivation. Il n’y a aucune explication alternative plausible
  • Au 18 mars, nous comptons une trentaine d’axes de désinformation russe
  • “Sur la base de cette capacité, combinée à leurs antécédents en matière d’assassinats commandités par l’État – y compris contre d’anciens agents de renseignement qu’ils considèrent comme des cibles légitimes – le gouvernement britannique a conclu qu’il était hautement probable que la Russie était responsable de cet acte irresponsable et méprisable.” [Theresa May, 14 mars 2018]
Slide 3 : Les effets du Novitchok 
Slide 4 : Un longue suite d’activités nuisibles de la Russie 
Tout y passe :
  • 2006 assassinat de Litvinenko [au polonium],
  • 2007 : attaques informatiques contre l’Internet estonien
  • 2008 : invasion de la Géorgie
  • 02/2014 : occupation de la Crimée, déstabilisation de l’Ukraine
  • 07/2014 : destruction du MH-17 tuant ses 283 passagers
  • 05/2015 : hacking du Bundestag
  • 2015-16 : interférences dans l’élection américaine
  • 01/2016 : Campagne de désinformation contre l’Allemagne avec l’affaire Lisa (version russe)
  • 2015 à 2016 : hacking du Ministère de la défense danois
  • 10/2016 : tentative de coup d’État au Monténégro (vision russe)
  • 06/2017 : Cyberattaque informatique avec le ransomware NotPetya
  • 03/2018 : Tentative d’assassinat des Skripal (on notera qu’il n’y aucun conditionnel employé, le coupable est donc trouvé, alors que les enquêteurs arrivent à peine)
Slide 5 : La réponse mesurée et proportionnée du Royaume-Uni
Une porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, s’est plaint sur sa page Facebook que la présentation “ne soit pas transmise à la partie russe et n’ait pas rendue publique”. Selon elle, “pour le moment, rien n’a été envoyé de Londres à la Russie concernant ce qui s’est passé.”
Dans un entretien avec Kommersant, l’ un des participants au briefing britannique, l’ambassadeur américain en Russie, John Huntsman, a déclaré que la position de Londres présentée dans la présentation lui semblait « très convaincante » :
– Vous êtes allé à une réunion à l’ambassade britannique à Moscou.Avez-vous reçu des faits indiscutables qui attesteraient que ce sont les autorités russes qui sont à l’origine de l’empoisonnement de Sergeï Skripal ?
– Vous devriez prêter attention à l’information que la partie britannique a rendue publique. Ils ont préparé un examen très qualitatif et convaincant de cet incident, en le comparant avec des cas similaires survenus dans le passé.C’était dans un document imprimé, qui a été distribué [NdR : dans l’ambassade britannique].
– Le grand public ne l’a pas vu.
– Il a été distribué à tous ceux qui étaient présents à la réunion. Les informations fournies par le côté britannique sont très convaincantes. La position et les actions du Royaume-Uni sont conformes au droit international et aux obligations de Londres au sein des organisations et traités dont il est membre.
– Et vous n’admettez pas l’idée que “l’affaire Skripal” puisse être une provocation ?
– Ce n’est pas à moi de décider. Les autorités américaines, après avoir mené des analyses interministérielles et consulté des dizaines d’autres pays, sont parvenues à des conclusions claires que les preuves [Ndr : de la culpabilité de la Russie] sont suffisantes. (source)
Et vous, avez-vous été aussi convaincu que l’ambassadeur américain par ces explications ?

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