M. Nebenzia (Fédération de Russie) : Si vous imaginez, Monsieur le Président, que le sujet de ma présente déclaration me procure du plaisir, ou qu’il me plaît de prononcer de longs discours, vous vous trompez. Malheureusement, la situation est telle que j’ai beaucoup de choses à dire aujourd’hui. Et vous allez devoir m’écouter. Nous remercions M. De Mistura [Envoyé spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour la Syrie] et M. Markram [Directeur et adjoint du Haut Représentant aux affaires de désarmement] de leurs exposés. La Fédération de Russie a demandé la convocation de la présente séance au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Menaces contre la paix et la sécurité internationales » parce qu’elle est profondément alarmée par le fait qu’un certain nombre de capitales – à commencer par Washington, que Londres et Paris suivent aveuglément – prennent volontairement une direction visant à exacerber les tensions internationales. Les dirigeants américains, britanniques et français, sans fondement et sans se préoccuper des conséquences, ont opté pour la confrontation avec la Russie et la Syrie et poussent d’autres pays à suivre leur exemple. Ils ont un grand nombre de cordes à leur arc – diffamation, insultes, rhétorique belliqueuse, chantage, sanctions et menace du recours à la force contre un État souverain. Ils profèrent des menaces éhontées contre la Russie, et le ton qu’ils ont adopté a dépassé les limites du permissible. Même durant la guerre froide, leurs prédécesseurs ne s’étaient pas exprimés de manière aussi grossière à propos de mon pays. Et puis quoi encore ?
Je me rappelle la question rhétorique que le Président Poutine, de la Russie, a posée à nos partenaires occidentaux, en particulier les États-Unis, depuis la tribune de l’Assemblée générale en 2015 (voir A/70/PV.13), à propos de leurs expérimentations géopolitiques imprudentes au Moyen-Orient. Il leur a demandé s’ils avaient au moins conscience de ce qu’ils avaient fait. À l’époque, cette question est restée sans réponse. Il existe cependant une réponse, et cette réponse est non, ils n’ont pas conscience de ce qu’ils ont fait. Ils ne réalisent pas non plus ce qu’ils sont en train de faire. Nous ne sommes pas les seuls à être déconcertés par le fait qu’ils n’ont de stratégie cohérente sur aucune question. La plupart des personnes présentes dans cette salle sont perplexes. Elles ne veulent simplement pas poser la question ouvertement. Où qu’ils aillent, quoi qu’ils touchent, ils sèment le chaos dans leur sillage dans les eaux troubles où ils sont partis pêcher quelque poisson, mais les seuls poissons qu’ils attrapent sont des mutants. Je vais leur poser une autre question rhétorique. Comprennent-ils le danger dans lequel ils entraînent le monde ?
Une des régions où l’hostilité est la plus manifeste est la Syrie. Les terroristes et les extrémistes soutenus par des acteurs extérieurs sont en train de perdre du terrain. Je rappelle aux responsables que ce sont les terroristes et les extrémistes qu’ils ont équipés, financés et largués dans le pays pour renverser le Gouvernement légitime. Nous comprenons maintenant pourquoi cela provoque l’hystérie des acteurs qui ont investi leur capital politique et matériel dans des forces aussi sinistres.
Ces dernières semaines, grâce aux efforts déployés par la Russie pour appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, une opération de grande envergure a été menée pour débloquer la Ghouta orientale, dont les résidents sont contraints de subir l’humiliation que leur infligent les milices rebelles depuis plusieurs années. Plus de 150 000 civils ont été évacués de cette banlieue de Damas, sur une base pleinement volontaire et dans les conditions de sécurité requises. Des dizaines de milliers de ces personnes ont déjà pu rentrer dans les zones libérées et un grand nombre d’entre elles ont été accueillies par des membres de leur famille. L’altération de leur composition démographique décriée par les défenseurs de l’opposition syrienne ne s’est pas produite. C’est un mensonge. Des négociations extrêmement complexes ont eu lieu avec les chefs des groupes armés, suite à quoi ils ont quitté les quartiers qu’ils occupaient, et leur sécurité a été pleinement garantie. D’ailleurs, plusieurs actes de terrorisme ont été déjoués pendant les opérations de transport lorsque des milices qui avaient tenté d’emporter des ceintures d’explosifs dans les bus en ont été empêchées. D’autres ont préféré régulariser leur situation avec les autorités syriennes. Grâce à l’amnistie présidentielle, ils vont pouvoir reprendre une vie civile, et ils pourraient même avoir la possibilité de rejoindre les forces de sécurité syriennes. Cela correspond à la mise en œuvre du principe de démobilisation, désarmement et réintégration de l’ONU.
Cependant, tout le monde n’est pas enthousiasmé par ces dynamiques positives. Les soutiens extérieurs, à savoir les principaux pays occidentaux, étaient prêts à s’agripper à n’importe quelle branche afin de maintenir en place un petit foyer de résistance terroriste, aussi minime soit-il, afin que Damas reste à portée de tir et que les milices puissent continuer de terroriser les citoyens ordinaires, de s’emparer de leur nourriture et de supplier la communauté internationale de leur fournir une aide. Soit dit en passant, ces milices n’étaient pas prêtes à partager les médicaments avec ces citoyens ordinaires, comme l’a révélé une inspection des bastions abandonnés par les combattants. Comme cela a été le cas à Alep, les installations médicales improvisées dans les caves étaient remplies de médicaments qui, du fait des sanctions de l’Occident, étaient introuvables à Damas et dans d’autres régions contrôlées par le Gouvernement, même au prix fort. Les tunnels que les djihadistes utilisaient sont de taille impressionnante. Certains d’entre eux pouvaient facilement permettre que des petits camions y circulent dans les deux sens. Ces installations souterraines impressionnantes reliaient les positions des groupes que certains considèrent comme modérés aux bastions de Jabhat el-Nosra.
Le 6 avril, sur instructions de leurs parrains, les nouveaux meneurs de Jeïch el-Islam ont empêché le quatrième groupe de miliciens combattants d’évacuer à Douma, et ont recommencé à tirer au mortier sur des zones résidentielles de Damas, ciblant Mezzeh, Mezzeh 86, Ish el-Warwar, Abou Rommaneh et la place des Omeyyades. Selon les chiffres officiels, huit civils ont été tués et 37 autres ont été blessés. Il est regrettable que n’ayons entendu aucune capitale occidentale condamner le bombardement d’une partie historique de Damas.
Le lendemain, 7 avril, les milices ont accusé les autorités syriennes d’avoir largué des barils explosifs contenant une substance toxique. Mais ils ont présenté plusieurs versions, parlant une fois de chlore, une fois de gaz sarin, et une autre fois de mélange de gaz toxiques. Comme c’est désormais la tendance, les organisations non gouvernementales financées par les capitales occidentales et les Casques blancs opérant sous l’apparence de secouristes se sont immédiatement emparés de la rumeur. Ces allégations ont été aussi rapidement diffusées par les médias. Je voudrais signaler une fois de plus que ces entités suspectes de l’opposition possèdent la liste exacte des adresses électroniques des représentants des membres du Conseil de sécurité. Ce qui permet de conclure que certains de nos collègues, sans égard pour leur poste et de façon irresponsable, font fuiter des informations sensibles à ceux qu’ils parrainent. D’ailleurs, nous nous rappelons tous de l’incident lors duquel les Casques blancs ont, par mégarde, posté sur Internet une vidéo montrant les préparatifs du tournage d’un film sur la prochaine victime d’une attaque prétendument perpétrée par l’armée syrienne. La diffusion de la « série» sur les armes chimiques qui a commencé en 2013 se poursuit, chaque épisode étant conçu de façon à ce que l’effet qu’il produit soit plus profond que le précédent.
À Washington, Londres et Paris, des conclusions ont été vite tirées et la culpabilité des autorités syriennes, ou du régime syrien, comme ils les appellent, a été établie. Quelqu’un s’est-il demandé pourquoi Damas aurait besoin de tout ceci ? Après avoir fini d’insulter les dirigeants syriens, on s’est, et personne n’en est surpris je crois, tourné vers la Russie et l’Iran, pour leur faire porter le gros des responsabilités. Comme à l’accoutumée, cela s’est fait à la vitesse de la lumière et sans aucune enquête. Le 8 avril, les troupes syriennes menant des fouilles dans le village d’el-Chifuniyah, près de Douma, ont découvert un petit atelier de fabrication de munitions chimiques appartenant à Jeïch el-Islam, ainsi que des réactifs au chlore de fabrication allemande et des équipements spécialisés.
Assad Hanna, journaliste de l’opposition basé à Istanbul, a diffusé sur Twitter une vidéo provenant prétendument de la zone où a eu lieu l’incident. On y voyait un individu non identifié portant un masque à gaz, vraisemblablement un Casque blanc, avec en arrière-plan une bombe chimique artisanale qui aurait atterri dans une chambre à coucher dans un immeuble à Douma. La vidéo était accompagnée d’un commentaire sur ce qui était considérée comme une énième attaque du régime contre les civils. Il ne fait aucun doute que cette vidéo est un montage. La trajectoire de la prétendue bombe est totalement anormale. La bombe aurait traversé le toit pour atterrir en douceur sur un lit en bois, sans causer de dégâts. Il est clair qu’elle a été placée là avant le tournage de la scène.
Coïncidence intéressante, l’acte de provocation chimique du samedi 7 avril a eu lieu immédiatement après que la délégation des États-Unis au Conseil ait été instruite de demander la tenue aujourd’hui, lundi 9 avril, de consultations au niveau des experts sur son projet de résolution portant sur un mécanisme d’enquête sur les incidents impliquant des armes chimiques. Des modifications considérables ont été apportées aujourd’hui au texte initial. Même dans ces circonstances floues, il est bien entendu nécessaire de faire la lumière sur ce qui s’est passé. Sauf qu’il faut le faire honnêtement, de façon objective et impartiale, sans sacrifier les principes de présomption d’innocence, et certainement pas en préjugeant de l’enquête.
Malgré cette provocation, les spécialistes russes ont continué de s’efforcer de régler la situation dans la Ghouta orientale. Dimanche 8 avril dans l’après-midi, conformément aux nouveaux accords, l’évacuation des combattants de Jeïch el-Islam a repris. Après que Douma ait été reprise aux rebelles, des spécialistes russes en protection radiologique, chimique et biologique y ont été dépêchés pour recueillir des preuves. Ils ont prélevé des échantillons de terre qui n’ont montré aucune présence d’agents innervant ou de substances contenant du chlore. Les résidents locaux et les combattants qui ont déposé les armes ont été interrogés. Aucun résident n’a confirmé l’attaque chimique. À l’hôpital local, aucune personne présentant de symptômes d’un empoisonnement au sarin ou au chlore n’a été admise. Il n’y a pas d’autre établissement de santé à Douma. Aucun cadavre de personnes décédées d’empoisonnement n’a été trouvé, et le personnel médical et les résidents n’avaient aucune information sur l’endroit où ces personnes auraient été enterrées. Aucune utilisation de gaz sarin ou de chlore n’est donc confirmée. À propos, les représentants du Croissant-Rouge arabe syrien ont réfuté les déclarations qui auraient été faites en leur nom selon lesquelles ils auraient fourni de l’assistance à des victimes de gaz toxiques. Je demande à ceux qui ont l’intention de dénoncer le régime dans les déclarations qu’ils vont faire après moi d’accepter le fait qu’il n’y a pas eu d’attaque à l’aide d’arme chimique.
La Suède a rédigé un projet de résolution demandant que l’incident fasse l’objet d’une enquête. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) n’a pas besoin de résolution pour ouvrir une enquête sur l’incident, mais nous sommes disposés à envisager cela. Aujourd’hui, nous proposons de faire ce qui est envisagé dans le projet de résolution, à savoir permettre à l’OIAC de se rendre immédiatement à Damas, si possible dès demain, puisque le Directeur général de son Secrétariat technique annoncé qu’ils étaient prêts à examiner la situation. Sur place, les autorités syriennes et les militaires russes prendront les dispositions nécessaires pour que les experts de l’OIAC puissent se rendre sur le site de l’incident présumé et se familiariser avec la situation. C’est d’ailleurs ce que le Président Trump et d’autres dirigeants occidentaux nous ont demandé de faire!
Les Syriens nous ont avertis à plusieurs reprises qu’il pourrait y avoir des provocations à l’arme chimique. Le Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes sur le territoire de la République arabe syrienne a indiqué que le matériel nécessaire pour filmer la prochaine prétendue attaque chimique se trouvait déjà sur place. Nous avons également fait des déclarations en ce sens au Conseil de sécurité. Tout le monde a entendu ces mises en garde, mais les a délibérément ignorées, parce qu’elles ne correspondent pas aux positions doctrinales défendues par ceux qui rêvent de la destruction du Gouvernement légitime d’un autre pays arabe.
Aucune attention n’a encore été accordée à la découverte, en novembre et en décembre 2017, d’une quantité importante de munitions chimiques dans les zones du territoire syrien qui avaient été libérées des milices. Dans les entrepôts des terroristes à Az-Zahiriya et Al-Hafiya, dans la province de Hama, on a découvert 20 conteneurs d’une tonne et plus de 50 unités de munitions d’artillerie contenant des substances chimiques toxiques. À Tal Adel, dans la province d’Edleb, 24 tonnes de produits chimiques toxiques, qui sont présumés être du chlore, ont été découvertes. Sur un site de stockage à Mouaddamiyé, à 30 kilomètres au nord-est de Damas, on a trouvé des munitions de calibre 240 et 160 millimètres et des bidons en plastique contenant des composés organophosphorés. Dans la région de Soueïda, dans la province d’Edleb, on a trouvé un laboratoire de synthèse de diverses substances toxiques, ainsi que 54 unités de munitions d’artillerie chimiques et 44 conteneurs de produits chimiques pouvant servir à la fabrication de substances chimiques.
Rien que depuis le début de cette année, on a recensé quatre cas d’emploi de produits chimiques toxiques par les milices à l’encontre des positions gouvernementales dans les districts de Srouj et de Mushairfeh, et plus de 100 soldats syriens ont dû être hospitalisés. Le 3 mars, lors de la libération de Khazram et d’Aftris dans la Ghouta orientale, des soldats d’une sous-unité des troupes gouvernementales ont découvert un atelier auxiliaire de fabrication artisanale de munitions chimiques. Cette liste, qui est loin d’être exhaustive, est indicative des méfaits commis par l’opposition, qui demeure divisée. Et pourtant, nous n’avons constaté aucun empressement à envoyer sur place des groupes d’experts de l’OIAC pour recueillir des éléments de preuve sur ces faits. Nous demandons que l’OIAC vérifie toutes ces zones. Elles sont accessibles. Nous recevons également des informations d’après lesquelles des instructeurs américains au camp d’Al-Tanf ont formé plusieurs groupes de combattants pour commettre des actes de provocation en utilisant des armes chimiques en vue de créer un prétexte à des tirs de roquettes et des bombardements.
Il était clair pour nous que, tôt ou tard, il y aurait une tentative de protéger les djihadistes et de punir le régime que certaines capitales occidentales haïssent. Les commentateurs à la télévision ont commencé à appeler avec ferveur à une répétition de l’attaque militaire lancée l’année dernière contre la Syrie. Ce matin, il y a eu des tirs de missiles contre la base aérienne de T-4, dans la province de Homs. Nous sommes profondément troublés par ces actions.
Les provocations à Douma rappellent l’incident qui s’est produit l’an dernier à Khan Cheïkhoun, l’élément commun étant la nature planifiée de ces attaques. L’analyse des activités menées par les États-Unis en avril 2017 à la veille de l’incident de Khan Cheïkhoun et après montre que Washington avait préparé cette opération à l’avance. Du 4 au 7 avril 2017 – en d’autres termes, depuis le jour où une substance toxique a été utilisée à Khan Cheïkhoun jusqu’à l’attaque contre la base aérienne de Chaaeïrat – les destroyers navals USS Porter et Ross se trouvaient déjà en Méditerranée où ils participaient à des manœuvres qui avaient été prévues. Ils n’ont pas jeté l’ancre dans un port où un échange
de munitions aurait pu être effectué pour accroître le nombre de missiles de croisière qu’ils transportaient.
Plus précisément, du 4 au 5 avril, le USS Porter se trouvait au sud-est de la Sicile et le USS Ross était en route depuis la base navale de Rota vers une zone au sud de la Sardaigne. Par la suite, le 6 avril, on a observé que les deux navires se dirigeaient à une vitesse accélérée vers la zone de positions de tir au sud-ouest de Chypre, d’où ils ont lancé une attaque massive contre Chaaeïrat, le 7 avril. Toutefois, les 59 missiles Tomahawk qui ont été tirés étaient supérieurs au nombre total de munitions dont les deux destroyers auraient eu besoin s’ils avaient effectivement été engagés dans les opérations de défense antimissiles auxquelles ils avaient été assignés et qui ne requéraient que 48 missiles. Cela signifie donc qu’avant même l’attaque à l’arme chimique à Khan Cheïkhoun, ces navires de la marine des États-Unis avaient entrepris une opération militaire d’une capacité de frappe supérieure au nombre de missiles de croisière nécessaires à leurs opérations de défense antimissile, ce qui pourrait constituer la preuve d’une opération prévue au préalable par Washington contre Damas.
Les fausses nouvelles en provenance de Douma samedi visaient, entre autres choses, à détourner l’attention du public du cirque qu’est devenue l’affaire Skripal, dans lequel Londres s’est embourbé, proférant des accusations totalement infondées contre la Russie et atteignant l’objectif qu’il poursuivait depuis le début, à savoir obtenir la solidarité de ses alliés pour créer un front antirusse. Les Britanniques s’éloignent maintenant d’une enquête transparente et de réponses précises aux questions qu’ils ont posées, tout en brouillant les pistes.
À la séance que le Conseil de sécurité a consacrée le 5 avril à l’affaire Skripal (voir S/PV.8224), nous avons averti le Conseil que les tentatives visant à nous accuser sans preuve d’une implication dans l’incident de Salisbury étaient liées au dossier chimique syrien. Hier, il y a eu de nouveaux développements intéressants concernant cette affaire. Alors que le Ministre britannique des affaires étrangères, M. Boris Johnson, continue d’afficher son penchant pour les traits d’esprit en « dénonçant » la Russie, une autre perle est apparue. The Times nous a informés que les spécialistes de la Royal Air Force dans le sud de Chypre avaient intercepté un message envoyé de la banlieue de Damas à Moscou le jour de l’empoisonnement des Skripal, message qui contenait la phrase « le colis a été livré » et qui disait que deux personnes étaient « bien parties ». Apparemment, cela fait partie des renseignements fournis par Londres à ses alliés avant d’expulser les diplomates russes. N’est-il pas évident pour tout le monde qu’il y a un lien irréfutable entre la Syrie, la Russie et Salisbury ? Je vais donner aux services de renseignement britanniques un autre indice très important, et qui plus est, gratuitement. Pourquoi ne pas présumer que le Novichok qu’ils aiment tellement est arrivé à Salisbury directement depuis la Syrie? Dans un colis. Pour brouiller les pistes.
C’est pitoyable.
L’Ambassadrice Hayley a récemment déclaré que la Russie ne serait jamais une amie des États-Unis. À cela, j’aimerais répondre que l’amitié est quelque chose de mutuel et de volontaire. On ne peut pas imposer une amitié, et nous ne supplions pas les États-Unis d’être nos amis. Ce que nous voulons d’eux, c’est très peu : nous voulons tout simplement des relations normales et civilisées, ce qu’ils nous refusent avec arrogance en piétinant les règles élémentaires de la courtoisie. Toutefois, les États-Unis se fourvoient s’ils pensent qu’ils ont des amis. Leurs prétendus amis sont uniquement ceux qui ne peuvent leur dire non. C’est le seul critère d’amitié qu’ils comprennent.
La Russie a des amis. Et contrairement aux États-Unis, nous n’avons pas d’adversaires. Ce n’est pas le prisme à travers lequel nous voyons le monde. Notre ennemi, c’est le terrorisme international. Nous continuons malgré tout de proposer aux États-Unis de coopérer. Cette coopération doit être respectueuse et mutuelle, destinée à régler des problèmes réels et non des problèmes imaginaires, ce qui devrait être tout autant dans l’intérêt des États-Unis. En fin de compte, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité, nous avons une responsabilité particulière à l’égard du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Par les canaux pertinents, nous avons déjà fait savoir aux États-Unis qu’une action militaire menée sous de faux prétextes contre la Syrie, où les contingents russes sont déployés à la demande du Gouvernement légitime de ce pays, pourrait avoir des répercussions extrêmement graves. Nous invitons instamment les responsables politiques occidentaux à tempérer leurs discours bellicistes, à réfléchir sérieusement aux possibles répercussions de leurs actes et à cesser leurs manigances pitoyables et imprudentes, qui ne font que mettre en danger la sécurité mondiale. Nous savons très bien où les mésaventures militaires de l’Occident en Yougoslavie, en Iraq et en Libye ont mené. Personne n’a conféré aux dirigeants occidentaux le pouvoir d’assumer le rôle de gendarmes du monde, pas plus que celui d’enquêteurs, de procureurs, de juges et de bourreaux. Nous les exhortons à revenir à la légalité, à respecter la Charte des Nations Unies et à œuvrer collectivement à régler les problèmes qui surviennent, plutôt que de tenter à chaque pas de réaliser leurs rêves géopolitiques égoïstes. Toute notre énergie doit se concentrer sur l’appui au processus politique en Syrie, et à cette fin, toutes les parties prenantes qui ont de l’influence doivent se rassembler dans un effort constructif. La Russie est toujours ouverte à une coopération de ce genre.
Pour terminer, je saisis cette occasion pour demander une séance du Conseil de sécurité sur les résultats de la mission d’évaluation des Nations Unies à Raqqa et sur la situation dans le camp de Roukban. Nous voyons bien comment les membres de la coalition tentent de compliquer le règlement des problèmes entraînés par leurs agissements en Syrie, notamment les tapis de bombes qu’ils ont déversés pour anéantir la ville de Raqqa. Aucune provocation chimique ne détournera notre attention de cette question. […]
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