Linha de separação


28 de abril de 2018

Reporters sem fronteiras (RSF)

« La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone  » (Aden Editions)
Voici les paravents de la CIA qui alimentent RSF en dollars : la National Endowment for Democracy (NED) via l’United States Agency for International Development (USAID), le Center for a Free Cuba.
Voici deux personnages qui ont occupé des hautes fonctions dans ces deux généreuses officines : l’activiste Otto Reich qui travailla à la direction de la CIA et John Negroponte, ex-ambassadeur en Irak occupé, aujourd’hui patron de l’ensemble des services de renseignements US.
Voici un autre sponsor  : l’Open Society Institute du milliardaire et magnat international de la presse George Soros, ami personnel de Bush, qui s’agite partout où peut être mis en place un gouvernement pro-états-unien.
Voici les fréquentations douteuses, les financements honteux, les hargnes sélectives, les indulgences infondées, les tentatives de dissimulations, les manipulations des chiffres, les vérités évolutives, les mensonges réitérés de RSF, le tout au service d’une cause sans rapport avec les objectifs affichés.
Observons son ardeur au travail contre les pays pauvres que l’Empire veut soumettre et son silence sur les effets de la financiarisation de la presse dans les pays riches.
Notons sa mansuétude envers les « bavures » de l’US Army, ses « oublis » dans la comptabilisation de journalistes qui en sont victimes et posons la dernière pièce : le clin d’œil appuyé de Colin Powell à cette ONG (et à elle seule) dans un volumineux rapport qui détaille les modalités prévisionnelles de gestion, sous protectorat US, d’un pays d’Amérique latine prioritairement ciblé par RSF.

Alors, association humanitaire ou bras médiatique européen de la CIA et des faucons du Pentagone ?"
Régulièrement, les médias, les partis politiques, les associations de défense des droits de l’homme se réfèrent au « Classement mondial de la liberté de la presse » établi par Reporters sans frontières. 
Cette année, le rapport de cette organisation est affecté d’un sous titre : « La haine du journalisme menace les démocraties ». Vous suivez mon regard vers un leader politique français ?

RSF a la prudence de ne pas le nommer pour garder à son rapport bidon un vernis d’impartialité. Mais, le 4 mars 2018, son nouveau patron (Christophe Deloire) avait vivement confié à Jean-Jacques Bourdin ce qu’il pensait de Jean-Luc Mélenchon et de sa « haine des journalistes »
Le rapport 2018 de RSF est agrémenté d’un chapô qui appuie sur cette question :  « L’édition 2018 du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) témoigne de l’accroissement des sentiments haineux à l’encontre des journalistes. L’hostilité revendiquée envers les médias, encouragée par des responsables politiques et la volonté des régimes autoritaires d’exporter leur vision du journalisme menacent les démocraties ».
Il faut le (re)dire aux organisations qui soutiennent les pays en lutte contre l’impérialisme, à celles qui militent contre les oligarchies, contre le MEDEF, contre les milliardaires qui phagocytent l’information : RSF n’est pas une ONG, mais leur ennemie. Se référer à elle est aussi pertinent que de se référer à un expert (« neutre et spécialiste ») de BFM-TV pour s’informer sur les cheminots.
J’ai publié en 2007 (il y a plus de 10 ans !) une enquête : « La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone  » (Aden Editions). Je sais qu’au moins un homme politique avisé l’a lu puisque, en 2008, lors d’une émission à la radio, Jean-Luc Mélenchon en conseilla la lecture à Jean-Pierre Elkabbach.
A ceux qui n’ont pas suivi son conseil, je propose ici des extraits. On y voit comment ce classement est un enfumage politiquement orienté et indigne d’une vraie ONG.

Chapitre 36. « La liberté de la presse selon le jury masqué »

« Le classement mondial de la liberté de la presse » établi par RSF mérite qu’on s’y arrête. Les philologues en feront un jour l’analyse et démontreront que le titre ronflant dissimule une exécrable pitrerie. Regardons les deux derniers classements (parus en 2006 et 2007).
Pour établir ce classement […] qui insulte la logique, la raison et le lecteur « Reporters sans frontières a demandé à ses organisations partenaires (14 associations de défense de la liberté d’expression dispersées sur les cinq continents), à son réseau de 130 correspondants, à des journalistes, des chercheurs, des juristes ou des militants des droits de l’homme de répondre à 50 questions permettant d’évaluer la situation de la liberté de la presse dans un pays. » (1).
Des noms ! Des noms ! Si les personnes et les organisations qui ont participé à cette pantalonnade en sont fières, on attend qu’elles le disent, qu’elles sortent de l’ombre où RSF les confine. Qui es-tu, Jury Mondial de la liberté de la presse, donc de la liberté de dire ? Informe-nous de ton identité. Se taire serait mettre en pratique la censure (et l’autocensure) en vous livrant ici à ce que vous combattez ailleurs.
Quelques-uns des « journalistes, chercheurs, militants des droits de l’homme » impliqués se dresseront-ils dignement, arrachant le bâillon pour dire : « J’en suis et voici dans quel journal j’écris, sur quel domaine je cherche, quelle organisation des droits de l’homme m’accueille » ?
Oui, qui sont-ils ? Quelles sont les questions auxquelles ils ont dû répondre ? J’ai directement interrogé RSF et j’ai obtenu la liste des 50 questions ainsi que celle des organisations (aucune française) qui participent à ce classement (après quoi, en 2007 et pour la première fois, RSF publie ces questions sur son site). J’ai par contre essuyé un refus quant aux noms des jurés qui resteront donc inconnus « pour des raisons de sécurité ». Tous menacés, donc ? Aucun Français ?
Par ailleurs, ce classement (mais c’est une constante dans le discours de RSF) décontextualise les problèmes. Or, quel que soit l’amour d’un chef d’Etat pour la liberté de la presse, celle-ci ne peut être la même dans un pays en paix et doté de l’arme nucléaire (comme les USA, la France, etc.) et un pays faible, en guerre, en guerre civile ou menacé par un trop puissant ennemi. On peut déplorer cette réalité, mais ne pas en tenir compte c’est faire le choix de truquer les classements, de favoriser les plus forts. Robert Ménard a expliqué une des raisons pour lesquelles Rony Brauman s’est éloigné de RSF : « [Il] aurait aimé que nous ne nous contentions pas de collecter les faits, mais que nous procédions à une mise en perspective, à une analyse pays par pays. » Idée saugrenue que Ménard évacue : « Je suis un adversaire des « nuances ».Surtout quand elles contrarient un credo politique et pourraient tarir des fontaines généreuses.
Quant aux questions, (sélectionnées pour faire pencher la balance en défaveur des pays victimes de l’insécurité politique, d’agressions, ou rétifs à un ultralibéralisme qui travaille à les dépouiller), aucune ne porte sur le poids de la presse entre les mains des puissances industrielles et financières dans les pays riches, sur l’autocensure et la disparition de quotidiens qui en découlent. Aucune ne prend comme critère le contenu des journaux, la nécessité pour la presse de ne pas mentir ou manipuler.
Exemples  :
- le monopole public de l’information est un critère négatif, mais le monopole privé non. Ainsi, la presse privée qui a prétendu pendant des mois que l’Irak possédait des Armes de Destruction Massive va-t-elle ici gagner un point au détriment de celle qui a soutenu le contraire, si elle appartient à un Etat.
- le thème des journalistes tués avec implication de l’Etat (dont les armées dépendent) n’apparaît que dans un item sur cinquante alors que celui du monopole de l’Etat en compte 4. 
- si la présence de milices armées vaut condamnation, aucun item ne fait référence à la présence d’une armée d’occupation qui contrôle la presse.
- la limitation de la mainmise des capitaux étrangers sur la presse d’un pays y est également condamnable (il s’agit là de dénier aux pauvres le droit de ne pas se laisser acheter !).
Et tout à l’avenant.
Il est facile d’imaginer d’autres questionnaires pareillement orientés en fonction du résultat escompté. Supposons, par exemple, que nous voulions faire conclure par un jury que RSF est une ONG détestable qui trompe les citoyens. Le questionnaire ci-dessous fera l’affaire. Surtout s’il est soumis à des personnes anonymes choisies par moi et à des organismes et ONG dont je sais qu’ils fonctionnent autrement que RSF, voire que leur inclination idéologique est à l’opposée de celle de la boutique de Robert Ménard. 
Bien choisir les items et les jurés, organiser l’opacité, telle est la règle du classement truqué.
Classement des ONG 
Critères pour l’établissement du classement mondial 2007.
1. Part des cotisations des adhérents dans le budget global de l’ONG
2. Part des différentes subventions émanant de ministères du pays siège de l’ONG
3. Nombre de sponsors privés du pays siège
4. Nombre de sponsors privés étrangers.
5. Nombre de sponsors publics étrangers
6. Fonds versés par des organisations étrangères proches de services secrets (ou agissant pour eux).
7. L’ONG est capable de refuser des fonds exigeant une contrepartie politique (Oui/Non).
8. L’ONG est capable d’afficher spontanément les détails des fonds reçus (Oui/Non).
9. Part de ses ressources redistribuées aux personnes qu’elle est censée défendre
10. Transparence quant aux fonds redistribués (Oui/Non).
11. L’ONG affiche les contrats relatifs à la perception des fonds (Oui/Non).
12. L’ONG annonce toutes ses demandes de fonds, même infructueuses (Oui/Non).
13. L’ONG affiche les clauses des demandes de fonds (Oui/Non).
14. L’ONG affiche les salaires des dirigeants (Oui/Non).
15. L’ONG affiche les éléments de train de vie des dirigeants (Oui/Non).
16. L’ONG affiche l’évolution de la fortune des dirigeants depuis leur entrée dans l’ONG (Oui/Non).
17. L’ONG est capable de résister aux dérives mercantiles (Oui/Non).
18. Concordance entre les déclarations publiques et les documents comptables (Oui/Non).
19. Vérifications des comptes par des experts non liés à l’ONG (Oui/Non).
20. L’ONG est capable de refuser des fonds destinés à des actions éloignées de sa mission (Oui/Non).
21. L’ONG reconnaît ses erreurs ou mauvais choix (Oui/Non).
22. Fréquentation par ses dirigeants de membres de services secrets étrangers (Oui/Non).
23. Actions clandestines de l’ONG dans des pays ennemis d’un sponsor étranger (Oui/Non).
24. L’ONG est capable d’établir des bilans exhaustifs, même s’ils dérangent un sponsor (Oui/Non).
25. L’ONG participe à des actions ne relevant pas de sa compétence (Oui/Non).
26. L’ONG participe à des actions visant à renverser un gouvernement (Oui/Non).
27. L’ONG est capable de propager des fausses nouvelles (Oui/Non).
28. L’ONG organise des actions violentes contre l’Office de tourisme d’un pays ciblé (Oui/Non).
29. L’ONG organise des actions violentes contre une ambassade arbitrairement choisie (Oui/Non).
30. L’ONG agit prioritairement contre les pays pauvres (Oui/Non).
31. L’ONG condamne prioritairement les pays pauvres (Oui/Non).
32. L’ONG minimise les exactions de pays sponsors (Oui/Non).
33. L’ONG entretient des relations avec des mouvements extrémistes (Oui/Non).
34. L’ONG est liée à des organismes qu’elle a vocation à critiquer (Oui/Non).
35. Le mode d’élection (ou de reconduction) de son secrétaire général est public (Oui/Non).
36. Nombre d’années pendant lesquelles il peut occuper son poste.
37. Possibilité de mettre effectivement fin à ses fonctions (Oui/Non).
38. L’ONG affiche volontiers le nombre de ses adhérents (Oui/Non).
39. L’ONG affiche son organigramme complet (Oui/Non).
40. L’ONG peut menacer de porter plainte pour étouffer des critiques étayées (Oui/Non).
41. L’ONG tient des discours évolutifs en fonction des interlocuteurs (Oui/Non).
42. L’ONG rend spontanément publics les critères sur lesquels elle fonde ses jugements (Oui/Non).
43. L’ONG est capable de mesurer l’efficacité de son travail d’ONG (Oui/Non).
44. L’ONG favorise sa médiatisation au détriment de sa mission (Oui/Non).
45. L’ONG est capable de vérifier ses sources (Oui/Non).
46. L’ONG est capable d’organiser des rassemblements ne visant pas toujours les mêmes cibles (Oui/Non).
47. L’ONG est capable de dénoncer le pays qui tue le plus de personnes parmi celles qu’elle est chargée de défendre (Oui/Non).
48. L’ONG est capable de renoncer alors aux compliments et aux fonds de ce pays-là (Oui/Non).
49. L’ONG répugne à insulter les personnes qu’elle invite à dialoguer (Oui/Non).
50. L’ONG fustige tous les altermondialistes qui fustigent l’Empire (Oui/Non).
Quel classement serait celui de RSF ?
Conclusion
Chacun s’accordera sur la nécessité d’une ONG qui protégerait les journalistes. RSF occupe ce créneau et bénéficie d’importantes subventions publiques et privées, des aides en nature, qui font sa force. Pourtant, la défense de la liberté des journalistes victimes de l’appropriation de la presse par les puissances d’argent reste à entreprendre par cette ONG, ainsi que celle du droit des citoyens à une information objective et complète. La consubstantialité des intérêts des journalistes et des lecteurs est vitale pour la démocratie. A contrario, leur dissection est mortelle. RSF refuse d’examiner ces questions et participe activement à des opérations partisanes contre les pays du tiers-monde, entretenant un lancinant soupçon : est-elle une fausse ONG française, un instrument d’une politique qui dessert en fin de compte notre pays et les journalistes ?
Quand on voit dans un champ une grande chose blanche, avec des taches noires, avec des cornes, qui mange de l’herbe, qui donne du lait et qui fait MEUUUH, on peut raisonnablement en conclure qu’il s’agit d’une vache. Ajoutons que si un cow-boy traîne dans les parages, lui caresse l’échine et vante ses mérites, la tentation est grande de classer l’animal dans la famille des bovinés, surtout quand on le surprend à brouter son foin au râtelier d’un ranch.
Voici les paravents de la CIA qui alimentent RSF en dollars : la National Endowment for Democracy (NED) via l’United States Agency for International Development (USAID), le Center for a Free Cuba.
Voici deux personnages qui ont occupé des hautes fonctions dans ces deux généreuses officines : l’activiste Otto Reich qui travailla à la direction de la CIA et John Negroponte, ex-ambassadeur en Irak occupé, aujourd’hui patron de l’ensemble des services de renseignements US.
Voici un autre sponsor  : l’Open Society Institute du milliardaire et magnat international de la presse George Soros, ami personnel de Bush, qui s’agite partout où peut être mis en place un gouvernement pro-états-unien.
Voici les fréquentations douteuses, les financements honteux, les hargnes sélectives, les indulgences infondées, les tentatives de dissimulations, les manipulations des chiffres, les vérités évolutives, les mensonges réitérés de RSF, le tout au service d’une cause sans rapport avec les objectifs affichés.
Observons son ardeur au travail contre les pays pauvres que l’Empire veut soumettre et son silence sur les effets de la financiarisation de la presse dans les pays riches.
Notons sa mansuétude envers les « bavures » de l’US Army, ses « oublis » dans la comptabilisation de journalistes qui en sont victimes et posons la dernière pièce : le clin d’œil appuyé de Colin Powell à cette ONG (et à elle seule) dans un volumineux rapport qui détaille les modalités prévisionnelles de gestion, sous protectorat US, d’un pays d’Amérique latine prioritairement ciblé par RSF.
Alors, association humanitaire ou bras médiatique européen de la CIA et des faucons du Pentagone ?
Au lecteur de dire si le puzzle ici assemblé fait MEUUUH ! , s’il lui semble que RSF est une officine trop proche de la CIA et si elle pourrait être poursuivie pour abus de confiance.
Cependant, il serait probablement injuste de mettre dans le même sac l’ensemble des personnes qui travaillent à (ou pour) RSF. Tout indique au contraire que son évolution perverse est le fait d’un petit nombre. On a vu, dans le passé, des départs et des démissions, significatives d’une absence de monolithisme de cette association.
De plus, il s’agit plus ici d’analyser, d’appeler au ressaisissement, que de casser l’outil. L’existence d’une association internationale qui défendrait les journalistes partout (partout !), quelles que soient les atteintes faites, non pas à leur droit d’expression, lequel inclus le droit de mentir impudemment, mais à leur droit de dire la vérité, quels que soient ceux qui attentent à ce droit, est nécessaire. RSF jouera-t-elle enfin ce rôle ou, choisissant la fuite en avant, éclaboussée chaque jour davantage par des révélations, minée par la défiance, abandonnée par la profession, subira-t-elle le sort d’autres associations terrassées par des scandales qui ont entraîné la déshérence du public dessillé et des riches donateurs soucieux de leur image de marque ?
Fin de l’extrait.
De grâce, qu’on cesse de se référer à cette bouffonnerie qu’est le « Classement mondial de la liberté de la presse » par RSF. Cessons de le citer et, de facto, de crédibiliser cette fausse ONG qui est une arme utile au patronat, à ses médias, à la droite, au gouvernement.
Maxime VIVAS
(1) Pour son classement 2018, RSF donne la méthode suivante, sibylline et opaque : « Les indices globaux et régionaux sont calculés à partir des scores obtenus par les différents pays. Ces scores sont eux-mêmes établis à partir d’un questionnaire proposé en vingt langues à des experts du monde entier, doublé d’une analyse qualitative ». Nous n’en saurons pas plus !

Sem comentários: