L’actualité de la crise : UN PLAN « B » EUROPEEN ?
25 mars 2011 par François Leclerc |
Billet invité- Blog de P.Jaurion
Leur sommet terminé, après avoir été bousculés par l’actualité portugaise, les dirigeants européens se sont congratulés pour avoir réussi à adopter un « pacte pour l’euro », ainsi que les grandes lignes du mécanisme du MES, le fonds de stabilité financière qui succédera en 2013 au mécanisme provisoire actuel, à propos duquel rien n’a d’ailleurs été décidé.
« On peut dire que beaucoup a été fait », s’est exclamée Angela Merkel, satisfaite d’avoir obtenu l’étalement des versements au MES qu’elle réclamait, avant d’affronter dimanche ses électeurs pour une élection régionale d’importance. Et de faire face à une virulente campagne dans la presse allemande, sur le thème des promesses faites à l’occasion du passage à l’euro et non tenues ou de l’addition que les Allemands vont devoir payer pour les autres.
Une toute autre leçon va-t-elle continuer longtemps à être éludée ? Les programmes d’austérité et de renflouement des banques, auxquels les pays européens sont contraints, les envoient les uns après les autres dans le décor, c’est à dire au purgatoire. Ils impliquent des sauvetages successifs et au bout du compte une mutualisation de la dette qui ne parvient pas à être mise en place, n’existant dans l’avenir qu’assortie de conditions toujours aussi expéditives.
Les mécanismes de stabilisation financière, actuels et futurs, restent bancals et la nouvelle gouvernance économique – dont il est fait grand cas – une affaire de circonstances, comme les deux précédents pactes européens l’ont été, puisque non respectés. Forcés et contraints, les Européens sont parvenus à mettre en place une sorte de Fonds monétaire européen dont les financements sont largement assurés à coup de garanties, en espérant qu’elles n’auront pas à être utilisées. Croit-on que les les marchés s’y laisseront tromper ?
Secoué par une crise politique et devant faire face à des remboursements importants, en avril et en juin prochains, le Portugal peut-il vraiment éviter de rejoindre la Grèce et l’Irlande dans le camp des condamnés ? Le taux des obligations portugaises à 10 ans étant monté ce vendredi soir à 7,79 % ; elles sont désormais traitées comme des actifs pourris par le marché, qui n’a pas attendu pour apporter sa réponse. L’affaire s’apparente à un supplice chinois. Le nouveau gouvernement issu des élections de juin sera conduit à renforcer davantage la rigueur budgétaire, précipitant encore plus le pays dans la récession et la crise sociale, la crise politique actuelle n’étant à côté de cette dernière qu’un épiphénomène.
L’Irlande et la Grèce ne parviennent déjà pas à respecter le plan de route qui leur a été assigné, et le Portugal se prépare à prendre le même chemin, alors même qu’il n’a pas encore été sauvé. Le scénario se répète à l’identique, en raison d’une croissance économique et de recettes fiscales absentes, et pour cause. S’y rajoute, dans celui de l’Irlande, un coût de restructuration des banques qui ne cesse de continuer à augmenter. L’Irlande va enregistrer pour la troisième année consécutive une croissance négative.
La lente désagrégation de la zone euro se poursuit : les facteurs de sa fragilisation s’accroissent plus rapidement que ne se met en place le dispositif européen censé tout résoudre, qui reste flou et ne permet que de temporiser.
Il se confirme que le chemin qui a été choisi pour résorber la dette privée et publique renforce la crise au lieu de la résoudre, car sa solution implique un redémarrage de la croissance économique auquel il ne mène pas. Et qu’il en résulte une rigueur se révélant progressivement insoutenable. Tout à leur idée fixe et à la défense d’intérêts bien compris, les dirigeants européens ont adopté un business plan irréaliste et impossible.
Le prochain épisode va mettre en scène l’Espagne. Les déclarations rassurantes ne manquent pas pour affirmer qu’elle ne risque pas à son tour de tomber dans le trou. L’expérience – pour s’en tenir à ce seul argument et ne pas à nouveau énumérer tous les facteurs d’incertitude qui pèsent sur la situation espagnole – a montré la foi qui pouvait être accordée à ce genre de prévisions. Rajoutons que l’exposition des banques espagnoles au Portugal est estimé à 80 milliards d’euros.
Il est rare que les dominos s’arrêtent de dégringoler une fois la chute commencée…
De nouveaux tests des banques vont être menés auparavant, destinés à rassurer les marchés, annonce-t-on. Une aimable plaisanterie, étant donné que ces derniers sont aux premières loges pour contempler à loisir le spectacle offert par un système bancaire toujours sous soins palliatifs, incapable de résister à l’éventualité de restructurations de dette souveraine. Raison qui explique l’interdit formel édicté à ce propos.
Appelée par le TUC, la confédération des syndicats britanniques, une grande manifestation se prépare pour demain samedi à Londres, afin de protester contre le plan d’austérité gouvernemental. George Osborne, le chancelier de l’échiquier (ministre des finances), a une nouvelle fois rappelé qu’il n’y a pas de plan B.
Ce même et unique discours étant seriné de Londres à Athènes et de Dublin à Madrid et à Lisbonne, il devient urgent qu’un tel plan à dimension européenne soit mis en forme, en s’appuyant sur des initiatives ayant vocation à converger à l’occasion de la tenue d’un Forum européen.
Sem comentários:
Enviar um comentário