Les Italiens peuvent-ils ouvrir le jeu ?
François L.
Quel va être le grand sujet de la rentrée pour les dirigeants européens qui n’en ont pas manqué ces derniers temps sans parvenir à s’entendre ? L’Italie semble bien partie pour tenir l’affiche, une fois qu’ils auront soufflé un peu.
En attendant, le président du Conseil italien Giuseppe Conte multiplie les déclarations apaisantes. Giovanni Tria, le ministre des finances, n’est pas en reste en assurant benoitement que les réformes prévues par le gouvernement sont « compatibles » avec les engagements italiens pris auprès de l’Union. Le gouvernement italien cherche visiblement à donner le mauvais rôle à Bruxelles tout en mettant un pied dans la porte pour que d’autres puissent à leur manière la pousser, si toutefois ils s’y osent.
La mise en forme du budget 2019 bat son plein, porteuse en réalité de fortes incertitudes. Au centre des tractations engagées, figure la manière de concilier la réforme fiscale de la Ligue, le revenu universel du Mouvement des 5 étoiles et le respect des prévisions de déficit budgétaire, pour ne pas faire de mécontents avoués. Avec comme objectif de rendre les arbitrages le mois prochain. Mais la tâche s’annonce rude, le gouvernement ayant déjà revu à la baisse sa prévision de croissance, à 1,2% pour cette année, au lieu de 1,5%. Il est clair qu’il va falloir y aller par étapes, afin de repousser le moment où cela coincera.
Le gouvernement ne prépare pas une rupture, qu’il ne cherche pas, préférant tirer le sparadrap par petits coups successifs. S’il y est poussé, s’y résoudra-t-il en faisant reposer la responsabilité sur les autres ? Il a déjà montré avec les réfugiés qu’il a trouvé dans le chantage une arme efficace et va être tenté de s’en resservir. La zone euro pourrait-elle survivre à un départ en catastrophe de l’Italie ?
Luigi Di Maio a besoin de reprendre la main à l’intérieur du pays dans le contexte de la campagne xénophobe menée par Matteo Salvini, avec qui il partage la co-présidence du Conseil, dont il ne s’est pas démarqué. La réforme de l’impôt et la lutte contre la pauvreté sont, affirme-t-il, devenues l’urgence du moment, afin de tenter un changement de terrain face aux progrès électoraux de la Ligue dans les sondages. Il rappelle que « cinq millions de personnes vivent dans la pauvreté absolue » et affecte la sérénité vis-à-vis de Bruxelles : « il n’y a pas besoin de se déchirer avec l’Union européenne, mais il faut instaurer un dialogue fort et sincère pour être en mesure d’obtenir certaines choses ». En attendant son démarrage, le gouvernement italien a obtenu l’annulation à la Chambre des députés puis au Sénat du « Jobs Act » de Matteo Renzi qui assouplissait le « marché du travail » en accord avec les préceptes de l’ère du temps.
Et « les marchés », comment se comportent-ils dès à présent ? Le « spread » entre les taux italien et allemand à dix ans, qui fait référence, a eu un coup de fièvre en mai dernier, mais s’est depuis détendu. La semaine dernière, « ils » se sont à nouveau manifestés et le spread a de nouveau augmenté devant l’échéance budgétaire qui se présente. Ce n’était donc que partie remise blogue D.
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