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20 de novembro de 2019

O Euro e as reivindicações dos Coletes Amarelos

L’Euro, la raison cachée de la surdité gouvernementale aux revendications des Gilets Jaunes .

J. Sapir


Ce mouvement a mis en cause non seulement le gouvernement mais aussi le Président de la République. Mail, il n’y a pas eu de réponse globale du gouvernement et du Président de la République sur cette question, si ce n’est par la répression qui fut d’une ampleur et d’un degré inusité face à un mouvement social d’ampleur[13]. L’usage systématique des LBD, une arme interdite dans bien des pays européens et qui fut confiés à des personnels non formés à son emploi, mais aussi l’apparition de formations non-identifiables de policiers ont conduit à un degré de violence inusité, renforcé par la quasi-impunité dont ces mêmes policiers ont pu jouir. Le nombre de condamnations prononcées par les tribunaux, plus de 3000, en dit aussi très long sur la peur du pouvoir et son incapacité de répondre à ce mouvement social par autre chose que de la répression. Assurément, le Président de la République fit des déclarations, en particulier celle du 10 décembre 2018. Il envoya, le 13 janvier 2019, une lettre à tous les français[14], lettre qui tout en reconnaissant une partie des problèmes en éludait les réponses[15].

Il y avait pourtant un aveu dans cette « lettre » : « parce que les salaires sont trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail… »[16]. Tel était bien, en réalité, l’une des sources de la colère qui s’exprimait à travers le mouvement des Gilets Jaunes à côté de revendications concernant la démocratie. On remarquera cependant que, jamais, il n’écrivit les mots de « pouvoir d’achat ». La question d’une augmentation du SMIC était pourtant bien centrale dans l’ensemble des revendications des Gilets Jaunes. Le Président pensait, sans doute, y avoir répondu dans son allocution du 10 décembre[17]. Mais, ce ne fut pas le cas, même si le complément de revenu (car c’est de cela qu’il s’agit) d’environ 90 euros qui fut alors annoncé fut le bienvenu dans de très nombreux foyers. Il y a bien ici un blocage sur la question du SMIC. Or, depuis le « tournant de la rigueur » de 1982-1983, le SMIC, le principal instruments de garantie pour les bas salaires, n’a pas évolué avec la productivité. Il convient ici de rappeler un principe : si le salaire évolue au même rythme que la productivité le partage de la valeur ajoutée entre les salaires et les profits ne change pas. Quand la productivité croit plus vite que le salaire, alors la part des profits augmente au détriment des salaires. L’écart, entre l’évolution du SMIC et celle des gains de productivité, est aujourd’hui important.

Ce blocage n’était pas, d’ailleurs, spécifique au pouvoir. Le Rassemblement National, ex-FN, s’y refusait aussi, préférant un système complexe d’exonérations des cotisations sociales[18]. Nicolas Dupont-Aignan, quant à lui liait une possible hausse du SMIC à une baisse des cotisations patronales (ce que l’on appelle, à tort, des « charges »)[19]. Jean-Luc Mélenchon proposait bien une forte hausse du SMIC mais semblait peu se soucier de l’impact sur la compétitivité de l’économie française d’une telle mesure. Les raisons de ce blocage renvoient à l’insertion de la France dans les institutions de l’Union européenne, mais aussi dans l’Euro. C’est en raison de l’attachement fanatique à l’Euro, que le Président évoque si peu, et de manière si indirecte, la question du SMIC et celle du pouvoir d’achat. A contrario, cela veut dire que l’on ne peut sérieusement aborder la question du pouvoir d’achat pour les « classes populaires » qu’en posant la question de la sortie de la France de l’Euro. Or, les différentes études réalisées par le FMI l’ont montré, la France pâtit d’une surévaluation de son économie dans le cadre de l’Euro, et elle n’est d’ailleurs par la seule, alors que l’Allemagne voit ses coûts largement sous-évalués.

Tableau 1
Ampleur des surévaluation (+) et sous-évaluations (-) des économies du fait de l’Euro[20]
Valeur moyenneValeur maximaleEcart avec l’Allemagne
(Moyenne-Maxi)
Ecart avec la France
(Moyenne-Maxi)
France+11,0%+16,0%26-43%
Italie+9,0%+20,0%24-47%-2/+4%
Espagne+7,5%+15,0%22,5-42%-3,5/-1%
Belgique+7,5%+15,0%22,5-42%-3,5/-1%
Pays-Bas– 9,0%-21,0%6-6%-20/-37%
Allemagne-15,0%-27,0%-26/-43%
Source : écart des taux de change réels dans le FMI External Sector Report 2017

Tant que l’on se situe intellectuellement dans le cadre de l’Euro, il est effectivement très difficile, voire impossible, de penser une hausse du SMIC susceptible de redonner de manière importante du pouvoir d’achat.
Reprenons alors donc les termes du débat. Une hausse du SMIC accompagnée d’une sortie de l’Euro et d’une dépréciation de la monnaie aurait donc eu un fort effet redistributif sur les revenus, tout en redonnant du pouvoir d’achat aux revenus les plus modestes. N’était-ce point là l’une des principales revendications des Gilets Jaunes ? Mais, on comprend aussi pourquoi, dès que l’on abandonne la perspective d’une sortie de l’Euro et d’une récupération par la France de sa souveraineté monétaire, il devient impossible de penser une hausse du SMIC et ses effets sur l’économie. Et telle est la raison pour laquelle Emmanuel Macron, qui ne veut sous aucun prétexte toucher à l’Euro, n’a pas parlé pas du SMIC ni du pouvoir d’achat dans sa lettre

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