LES DÉPOSSÉDÉS DE L’INTERNET DES OBJETS, par François L.
L’un ne va pas sans l’autre : le monde des « big datas » (les gigantesques bases de données), et pour l’alimenter l’Internet des objets, dont l’acronyme anglais qui s’est imposé est IoT. Grâce à l’IoT et aux algorithmes qui vont s’en donner à cœur joie dans les bases de données, notre traçabilité s’annonce globale, aucun de nos gestes n’échappera à une surveillance sans nul doute bien intentionnée puisqu’elle portera aussi sur nos données médicales de base. En toute chose, il y a toujours du bon lorsqu’on le cherche !
Plus la masse des données sera importante, meilleurs seront les résultats fournis par les algorithmes qui l’exploreront, est-il garanti. Déjà, ces derniers fournissent une aide décisive à la décision quand ils ne la prennent pas eux-mêmes, sans que l’on ait voix au chapitre.
Cela ne manque pas de susciter de sérieuses inquiétudes, faute de contrôle sur ces processus, en se demandant s’il n’est déjà pas trop tard. La réponse est oui, peut-on dire sans s’aventurer !
Des revendications fondamentales surgissent néanmoins, portant sur l’usage et le contrôle de nos données ainsi que sur la mise à plat des algorithmes afin de supprimer leurs biais ou leurs instructions dissimulées. Avec comme interrogation finale : quel recours avons-nous contre des algorithmes dont nous ne connaissons même pas l’existence la plupart du temps ?
L’IoT est un monde à la Prévert, tous ces objets étant munis de capteurs afin de recueillir et transmettre des données. Il en a été découvert fortuitement dans des poupées qui recueillaient les soliloques des enfants lorsqu’ils jouent avec elles, dissimulés à des fins de marketing ! Dernièrement, Amazon n’a pas déçu avec un projet de bracelet destiné aux employés des services de préparation des commandes. Sa réputation n’est déjà plus à faire vu les conditions de travail régnant dans ses entrepôts et centres de distribution, l’optimisation de la productivité de ses employés étant au cœur de ses préoccupations.
Amazon avait déjà défrayé la chronique avec un projet de drone livreur et vient de réitérer, toujours avec le même souci, en testant un bracelet électronique dont il a déposé le brevet. Il est destiné à analyser le mouvement des mains des employés chargés de préparer les commandes. Une version moderne des chronométreurs de jadis, qui mesuraient dans les usines la durée des gestes des ouvriers affectés à un poste de travail particulier, afin de la comparer à leurs normes. Une nouvelle mission a été trouvée pour les bracelets électroniques, jusqu’à maintenant affectés à contrôler les personnes condamnées à des peines de résidence surveillée.
D’autres bracelets sont déjà sur le marché. C’est le cas d’Affect-Tag, conçu par la société Neotrope. Celui-ci a une autre référence, toute aussi embarrassante : il fonctionne à la manière d’un détecteur de mensonge ! Ce bracelet fournit des indications sur l’intensité des émotions ressenties par son porteur, leur fréquence et leur moment, ainsi que son niveau d’attention, en application de la théorie dite de la « charge cognitive ». Des progrès restent toutefois encore à accomplir, les concepteurs du bracelet déplorent ne pas être encore en mesure de déterminer si les émotions qu’il capte sont négatives ou positives mais ne désespèrent pas d’y parvenir…
À quel usage Affect-Tag est-il destiné ? Sa première utilisation est de réaliser des tests marketing. À quand le port du bracelet dans la grande distribution moyennent réduction à la caisse (automatique) ?
Toutes les occasions sont bonnes pour produire de la donnée, ce nouvel or noir !
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